Auteur d’un pamphlet contre Sarkozy, le philosophe refuse de remiser l’utopie communiste et raille la « politique de civilisation ».
Son éditeur n’en revient pas: plus de 20 000 exemplaires écoulés, des libraires enthousiastes et des lecteurs qui d’habitude n’ouvrent jamais un livre de philo. Alain Badiou, vieux mao sur le retour, a tapé juste.
En 155 pages, son pamphlet, « De quoi Sarkozy est-il le nom? », aussi brutal que bien écrit, étrille sans concession celui qu’il surnomme « l’Homme aux rats » -allusion à la fable du « Joueur de flûte de Hamelin », et au titre de l’une des « Cinq psychanalyses » de Freud, qui présente un personnage obsessionnel.
Sarkozy et sa « rupture » sont le produit, dit-il, d’un « pétainisme » transcendental de la France, qui se nourrit de peurs. De même que la Restauration voulait effacer la Révolution française et Pétain, le Front populaire, Sarkozy, lui, veut « liquider » Mai 68.
Comme il l’avait fait dans « Circonstances 1″, Badiou fustige au passage la « démocratie électorale » (autrefois il aurait écrit « bourgeoise ») qu’il considère comme une imposture:
« Le suffrage universel serait la seule chose qu’on aurait à respecter indépendamment de ce qu’il produit? Et pourquoi donc? »
Le succès de son petit livre, et l’antiparlementarisme qu’il véhicule, a soulevé de nombreux haut-le-coeur, notamment chez les intellectuels « antitotalitaires ». Alain Finkielkraut, abasourdi par le retour à la mode de Badiou, a ainsi déploré ce « symptôme du retour de la radicalité et de l’effondrement de l’antitotalitarisme »…
voir les vidéos et lire l’interview sur Rue89 : http://rue89.com/2008/01/26/alain-badiou-il-y-a-une-barbarie-sarkozienne
Posté par frédéric.