dites à tout le monde qu’aujourd’hui en France, c’est le simple droit de manifester qui est menacé.
Les 1er et 2 juin 2006 avait lieu à Grenoble, à l’initiative du Collectif OGN (Collectif d’Opposition Grenobloise aux Nécrotechnologies) une manifestation contre l’inauguration de l’entreprise MINATEC, spécialisée dans le dévelopement des nanotechnologies. La manifestation a été sévérement réprimée et deux de ses membres ont été arrêtés… je vous invite tardivement à prendre connaissance du témoignage de l’un d’eux.
Pour information, ce Collectif OGN est dissous depuis le 20 juin 2006 et leur site internet http://ogn.ouvaton.org , qui propose pas mal de liens et de ressources intéressantes sur le sujet, ne restera accessible qu’au cours des 6 prochains mois.
Le lundi 5 juin 2006,
Salut à toutes et tous,
Comme je vous l’avais annoncé, avait lieu à Grenoble jeudi dernier une manifestation contre l’inauguration de Minatec, et contre le monde nécro-technologique que nous préparent les nanotechnologies.
Comme on pouvait s’y attendre, le dispositif policier était impressionnant. Comme on pouvait l’imaginer depuis les manifestations anti-CPE de Grenoble, la police a eu le lacrymo et le Flash-ball faciles : une jeune manifestante a été défigurée par un tir dans la joue et opérée le soir-même, alors qu’elle était assise sur un banc au milieu d’un rassemblement pacifique.
Comme vous le savez, je suis membre du collectif « Opposition Grenobloise aux Nécrotechnologies » qui appelait à cette manifestation et tentait de l’organiser (débats les jours précédents et hébergement collectif des
extérieurs à Grenoble) dans la mesure de ses faibles moyens. Mon colocataire Samuel aussi, mais lui c’est encore pire puisqu’il a parlé dans le mégaphone pendant la manifestation.
Pendant la manif, avant la dispersion, la vitrine d’une banque a été entièrement détruite par quelques personnes, que nous ne connaissons pas. Donc, pour la Police, je suis coupable d’avoir « participé à un
attroupement armé » et Samuel est coupable « d’incitation à la destruction de biens en réunion ».
Donc, nous avons été tous les deux interpellés le lendemain matin vers 9h30, alors que nous nous rendions en vélo vers le centre-ville pour y diffuser des tracts, ou peut-être juste nous reposer car nous nous étions
levés à 5h00 du matin afin de veiller sur les gens dormant dans le lieu d’hébergement.
Je ne vous raconterai pas en détail les 10h de garde-à-vue qui ont suivi, juste quelques moments forts :
- fouille au corps (nudité totale),
- découverte des cellules de béton de garde-à-vue,
- transport menottes au poignet à notre domicile pour perquisition, pour y chercher des armes (ce n’est pas une blague),
- pression psychologique intense lors de notre refus de nous soumettre à un prélèvement ADN, notamment pour nous faire croire que cette décision entrainerait la prolongation de la garde-à-vue et une nuit passée en
prison préventive,
- audition, où nous découvrons qu’un policier infiltré parmi les manifestants ces derniers jours nous auraient vu « applaudir » lors de la casse de la banque, et Samuel dire « on va péter un laboratoire ». (tissu de mensonges incohérent).
Nous sommes finalement convoqués au tribunal de Grenoble le lundi 19 juin à 14h00, où nous serons jugés pour « avoir participé volontairement à un attroupement après sommations et dispersion ».
Quant au refus de prélèvement ADN, il constitue un autre délit (le saviez-vous ?? et oui, Bienvenue à Gattaca, le Meilleur des Mondes des lois Perben 2) mais ça c’est le dessert, ce sera pour plus tard.
Nous sommes donc jugés, pour être restés dans la rue alors que les CRS pourchassaient les manifestant-e-s à coups de matraque, de lacrymogènes et de Flash-balls tirés à hauteur de visage. Nous sommes jugés parce que
notre colère face à cette répression, a été plus forte que notre peur des cogneurs de la Brigade Anti Criminalité en chasse et en tenue de combat.
Je m’arrête là, vous comprenez que je suis toujours, plus que jamais, en colère.
Il me reste une chose, une seule, à vous demander : si vous pensez que notre arrestation est injuste et indigne d’un pays qui se dit « des Droits de l’Homme », si vous ne voulez pas que nous soyions condamnés à 2 à 4 mois
de prison avec sursis pour rien (c’est vraisemblablement ce que nous allons prendre) : diffusez cette histoire autour de vous, parlez-en, dites à tout le monde qu’aujourd’hui en France, c’est le simple droit de manifester qui est menacé.
Il ne s’agit plus aujourd’hui de se demander si nous sommes encore en démocratie. Face à la dictature qui s’installe en France, loi après loi, se nourrissant de la misère et de la résignation du plus grand nombre, du
silence des nantis et de la cacophonie des médias, il s’agit de choisir son camp.
Ce récit est encore trop parcellaire et incomplet, il y aurait tant à dire sur ces quelques jours…