Air Chiotte
Le récit qui suit m’a été fait par un client dont la demande d’asile avait été jugée manifestement infondée par le ministère de l’intérieur, décision qui a en même temps ordonné son réacheminement. Je ne m’attarderai pas sur cette décision, disons surprenante eu égard aux pièces produites, car en l’espèce, peu importe. Admettons même que sa demande était effectivement manifestement infondée…
… Trois heures avant le décollage de l’avion, sans rien lui dire ni lui demander, les policiers lui ont menotté les mains dans le dos, lui ont ligoté les chevilles et l’ont soulevé et porté à bord de l’appareil.
Une fois à bord, sous les yeux du personnel de cabine impuissant, ils l’ont enfermé dans les toilettes de l’appareil, sans le détacher. Vous avez déjà visité les toilettes d’un avion ? C’est pas bien grand, hein ? Et bien imaginez, trois heures…
… Heureusement pour lui, il a pu faire une nouvelle tentative
Le pire, c’est que quand il m’a fait ce récit, il n’était pas scandalisé, outré, ni même en larmes. Il souriait tristement.
Parce que ce genre de traitement par la police, m’expliquait-il, dans son pays, c’est courant. On s’y habitue presque.
Mais il croyait simplement que ces choses là, ça ne pouvait pas arriver en France.
La honte m’a fait baisser les yeux. Et elle me cuit encore.
sur le Journal d’un avocat : http://maitre.eolas.free.fr/journal/index.php?2006/05/05/342-air-chiotte