Il y a des gens qui savent que même s’ils traversent dans les clous, même s’ils ont toujours leurs papiers sur eux, même s’ils sont toujours respectueux, calmes et polis, à tous les coups, le contrôle d’identité, c’est pour leur gueule. Leur gueule de métèque, leur gueule de mec qui doit toujours prouver son innocence à priori. Il y a des gens qui doivent se soumettre à l’arbitraire policier, pratiquement chaque fois qu’ils mettent le nez dehors, chaque fois qu’ils prétendent séjourner dans l’espace public d’une manière ou d’une autre.
Des gens qui vivent sous le régime permanent de la bavure. Il y a gens pour qui croiser la Police signifie un harcèlement systématique… ce qui, en soit, est déjà beaucoup. Mais pour qui cela peut aussi signifier bien pire : insultes, menaces, coups et blessures, voire une grosse tête ou même une matraque ou un enjoliveur dans le cul.
Il y a des gens pour qui croiser la Police dans la rue peut signifier que c’est le dernier jour de leur vie.
Il y a des gens pour qui fuir dans un transfo EDF peut sembler être une meilleure alternative…
Il y a des gens qui doivent — implicitement — être meilleurs que tous les autres pour ne pas mériter d’être violés par ceux qui détiennent l’autorité, des gens qui savent que leur parole sera systématiquement niée, réfutée, minorée. Des gens qui sont présumés coupables, particulièrement par ceux qui vivent comme moi, loin d’une certaine police. Des gens qui doivent subir en silence et ne jamais, jamais se révolter du sort qui leur est fait.
Lire l’article sur Le Monolecte : Le régime de l’arbitraire
“LA MORT D’ADAMA TRAORÉ NOUS CONCERNE TOUS”
Déjà une centaine d’artistes et de sportifs prennent position contre les violences policières : Eva Doumbia, Gilles Lellouche, Nekfeu, Imany, Arthur H, IAM, Christine & The Queens, Fianso, Yannick Noah, Bertrand Tavernier, Omar Sy, Lilly Wood and the Prick, Mademoiselle K, Cantona, Archie Shepp, Nicolas Duvauchelle, Black M, Annie Ernaux, Rachida Brakni, Zebda, Ramzy, Olivier Rabourdin, David Bobée…
C’est notre cause commune à toutes et tous : ENSEMBLE CONTRE LES VIOLENCES POLICIÈRES ET LEUR IMPUNITÉ !
Cet appel est ouvert à signatures, contactez-nous ici : ensemblepouradama@gmail.com
Lire l’appel sur Quartiers XXI : Appel des artistes contre l’impunité des violences policières
Le « viol avec matraque » dont est accusé un policier sur Théo L., un jeune aulnaysien de 22 ans, a suscité la réprobation de toute la classe politique, mise à part l’extrême-droite. Si elles demeurent rares, les violences avec sévices sexuels perpétrées par des policiers ne sont malheureusement pas exceptionnelles. La France a déjà été condamnée à deux reprises par la Cour européenne des droits de l’homme pour de tels faits. Un policier, accusé d’avoir commis des violences similaires à Drancy, sera jugé le 20 février. D’autres affaires pour « agression sexuelle aggravée » perpétrée lors de contrôle au faciès sont en cours d’instruction. D’où viennent ces pratiques ?
Enquête à lire sur Basta ! : « Affaire Théo » : les violences et sévices sexuels perpétrés par des policiers sont-ils exceptionnels ?
Vendredi, alors qu’il neige ou presque à Paris, sous le pont, porte de la Chapelle, la mairie fait installer de grosses pierres. Ainsi les personnes sans refuge ne pourront plus s’allonger, s’allonger les uns contre les autres, pour se tenir un peu chaud, sous ce pauvre abri qu’est le pont. Même pas un pont. Même pas les corps contre les corps. Des pierres au lieu des corps.
Sur Le Club de Mediapart : La cruauté qui vient
On s’en doute, la panique guette jusqu’au plus haut sommet de l’État. L’agression, l’humiliation et le viol d’un jeune habitant d’Aulnay par des policiers pourrait être l’étincelle qui embrase les banlieues françaises. Étrange télescopage médiatique auquel nous assistons : d’un côté le commentaire infini sur les élucubrations pathétiques d’un candidat à l’élection présidentielle et de ses communicants, de l’autre, la vérité crue et sans fard de l’humiliation quotidienne vécue dans les quartiers populaires.
Lire l’article sur Lundi Matin : #JusticePourThéo Manifestation à Paris, affrontements dans les villes limitrophes
La France est en guerre. On nous le répète depuis maintenant plus d’un an comme si c’était une nouveauté. Comme si la France n’était pas en guerre permanente — ou en « opérations » sur le sol africain et ailleurs — depuis la fin des guerres de décolonisation (voir notre « panorama » des opérations militaires de la France). La France est un des premiers États guerriers au monde, elle est présente militairement dans plus d’une vingtaine de pays, et se trouve depuis 2015 parmi les trois premiers exportateurs d’armement avec les États-Unis et la Russie. Airbus et les avions Rafale sont des spécialités françaises aussi fameuses que le Bordeaux ou le Champagne. On se les arrache chez les semeurs de mort. D’ailleurs, la guerre est la meilleure publicité pour les vendeurs d’armes : le Rafale se vend depuis le début des bombardements en Syrie alors qu’il restait dans les cartons depuis son lancement en 2000.
A lire sur CANONS ROMPUS : POUR LA CONSTITUTION D’UN MOUVEMENT CONTRE LA GUERRE
Que font les mains d’un policier sur notre corps ? Quand il nous frappe, nous immobilise ou se contente de nous mettre une main sur l’épaule ? Que fait son regard ? Comment nous déplaçons-nous dans la rue quand un uniforme est là pour nous voir, et être vu ? À partir de subtiles observations sur la présence ordinaire des policiers dans notre quotidien, Mark Grief reconsidère avec ironie les fonctions élémentaires de la police : la majorité des prétendus « gardiens de la paix » ne mène aucune enquête pour arrêter de dangereux criminels, mais se contente d’être là, au milieu de nous, pour réguler nos gestes et les petites déviances. Plus que la paix, c’est donc un certain ordre qui est recherché. Parfois ils menacent ou frappent, parfois ils mangent un beignet ou avalent un soda – souvent, ils ne font rien. La question « Que fait la police ? » peut-elle répondre à cette autre : « À quoi sert la police ? »
A lire sur jef klak : Portrait du policier en donut
Déloger le pauvre, tirer l’exilé de son abri de bâches et de planches, pousser la tente des Roms au peu plus loin : ventiler la misère, la disperser pour qu’elle sente moins la mort. Qu’ils disparaissent, ordonnent les salauds. L’ordure à la benne et le trottoir passé au karcher sous les yeux vides des électeurs.
A lire sur Lundi matin : Comme une pierre lancée – par Juliette Keating
Le discours anti musulmans d’aujourd’hui repose sur des fantasmes déconnectés du réel. A y regarder de plus près, il est structuré et fonctionne exactement comme les théories antisémites d’avant-guerre.
Lire l’article sur Le Club de Mediapart : Oui, l’islamophobie actuelle ressemble à l’antisémitisme des années 30
Ce matin, nous avons appris qu’un jeune homme de 24 ans, Adama Traoré, trouvait la mort à la suite d’une interpellation à Beaumont Sur Oise. La mort, me direz-vous, n’a, en soi, rien d’extraordinaire : la faucheuse finira bien par nous rendre visite et nous décoller à la vie. Cependant, cette mort s’inscrit dans une longue liste de morts devenues ordinaires, largement commentées et analysées lorsqu’il s’agit des USA mais très peu relayées et critiquées avec la même verve lorsqu’elles se passent sur notre sol. “On est pas aux Etats Unis, quand même”. Ouais et alors ? Alors, rien…
Lire l’article sur Les Chroniques de Paige Palmer : Cette abominable violence policière…
Cette même peur que peuvent éprouver les gouvernés se transforme aisément en obéissance à leurs dirigeants: «avoir peur, c’est se préparer à obéir», énonce Patrick Boucheron, reprenant Hobbes. Et c’est la raison pour laquelle la peur est un outil si aisé à mobiliser pour des politiques requérant une adhésion aveugle…
Dans ce long entretien, l’historien Patrick Boucheron et le politologue Robin Corey reviennent sur les usages politiques de la peur. Lire l’article sur Slate : Exercer la peur en politique
Depuis plusieurs mois, défenseurs des droits humains, magistrats et universitaires alertent l’opinion. À un an de l’élection présidentielle, ils pointent du doigt une série de signaux inquiétants pour la démocratie…
Un article complet et intéressant à lire sur Slate : L’autoritarisme rampant à la française
Le maintien de l’ordre a pris en France un tour dangereux pour les libertés publiques et le droit de manifester. Animée par Reporterre, une Mission civile d’information a mené une enquête approfondie sur les dérives de l’action policière depuis le début des manifestations contre la loi travail. En voici le rapport. Il témoigne d’une dérive dangereuse pour la démocratie.
Lire l’article et le rapport sur Reporterre : Violences policières : le rapport qui dit les faits
C’est un événement sans précédent en France et, à notre connaissance, dans les démocraties occidentales, que plusieurs dizaines de milliers de personnes aient été ainsi encagées et que leur droit de manifester ait été ridiculisé, réduit à une pantomime par l’obligation de tourner en rond autour d’un bassin dans un périmètre réduit, sans aucun contact avec le reste de la ville.
L’exemple des lois sécuritaires, celui d’un état d’urgence censé être provisoire mais promis à l’éternité, sont là pour nous rappeler que chaque recul de liberté est ensuite considéré comme un acquis par l’Etat. Si un tel dispositif totalitaire devait être renouvelé, nous entrerions dans une nouvelle phase de l’instauration d’un régime autoritaire dont le caractère démocratique deviendrait franchement évanescent.
A lire sur le blog de S. Quadrupanni : Nous n’irons plus dans la cage
Les Street Medics parlent calmement, d’une voix posée. On ressent la gravité de ce qu’ils évoquent et de ce qu’ils ont vu.
[...]
Être street medic c’est affreux. Je ne connais personne chez nous qui n’ait pas de syndrome post-traumatique après les manifs. Mardi, c’était la pire que j’aie vécue en termes de répression. On marchait, on voyait des gens à terre qui ne bougeaient plus. Je suis de celles et ceux qui disaient que la répression a toujours été sévère, mais cette fois-ci ça dépassait l’entendement.
A lire sur Medium : Conférence de presse des Street Médic
Un mensonge d’État qui nous prend pour des cons :
l’hôpital Necker « dévasté » par des sauvageons…
Arrivé devant l’Hôpital Necker, le champ de ruine ne saute pas aux yeux, c’est le moins que l’on puisse dire. Une seule vitre a volé en éclat, déjà remplacé par une feuille de contreplaqué. Une petite dizaine d’impacts au marteau, surlignés de scotch armé orange, sont aussi visibles sur les double-vitrages avoisinants. Un ou deux tags en plus… et voilà tout. Même pas une faute lourde de non-sens, juste une faute de goût sans dégâts collatéraux ni vilains bobos pour personne.
Lire l’article et voir les photos sur Pense-bête : 15 juin 2016 « Un mensonge d’État qui nous prend pour des cons : l’hôpital Necker « dévasté » par des sauvageons…
« Lorsqu’ils mettent sur le même plan « émotionnel » des plaques de verres cassées et ces centaines de milliers de familles éprouvées, MM. Valls et Cazeneuve, n’ont-ils pas honte ? »
[...]
Des centaines de milliers de personnes défient le gouvernement dans la rue. Une ou deux cassent le double vitrage d’un hôpital. Une ordure tue deux policiers à l’arme blanche. Leur fils de trois ans est en soin à Necker. M. Cazeneuve établit un rapport émotionnel, affectif et psychique entre ces deux séries de faits : la lutte contre la Loi Travail et son gouvernement, le choc produit par la brutalité de ce double meurtre et la situation dramatique de cet enfant. Si les jeunes émeutiers qui ont cassé les vitres de Necker ont été idiots, MM. Valls et Cazeneuve, eux, sont obscènes.
A lire sur Lundi Matin : 1. Sur l’instrumentalisation des vitres de l’hôpital Necker – Témoignage d’un parent
Une photo prise à Lyon lors de la manifestation de jeudi 2 juin contre la visite de Macron montre un CRS avec une arme peu connue mais impressionnante : un « lance-grenades multiple ». Un engin dont les photos avaient fait le tour du monde lors de la répression des émeutes de Ferguson, après la mort de Mike Brown.
A lire sur Rebellyon.info : Les CRS s’équipent d’un riot-gun Penn Arms, l’un des symboles de la militarisation de la police américaine
Le missile M51, outil au service de la dissuasion nucléaire française, est déjà opérationnel sur le sous-marin nucléaire Le Terrible. Mais l’échec d’un tir depuis Le Vigilant, dimanche, au large du Finistère, souligne qu’il n’est pas encore fiable à 100 %
[...]
Quelques chiffres suffisent à donner une idée de sa puissance : 56 tonnes, 12 m de hauteur et 2,30 m de diamètre. À terme, il pourra transporter une charge nucléaire équivalente à 60 fois Hiroshima. Mais pour l’instant, le M51 emporte la tête du M45, soit 35 fois Hiroshima « seulement ».
A lire sur Ouest France : M51. Un missile à 120 millions d’euros pièce
Devant la persistance du mouvement contre la loi travail, la condescendance le cède à un franc mépris de classe, et à un affolement palpable. Médias de garde, Medef, majorité et opposition ont compris que la contestation était proche d’une victoire.
[...]
Le ton hargneux de ces derniers jours n’est pas sans rappeler la dernière ligne droite du référendum contre le TCE en 2005. Tant mieux, c’est le signe que la victoire est possible, qu’elle est à portée de main. La fébrilité au sein du gouvernement atteint son comble : sortie de route d’Emmanuel Macron à Lunel, lapsus sur la nécessité « d’apprivoiser euh approvisionner les français » de Manuel Valls ou le désormais célèbre « Bruno relou » de Stéphane Le Foll…
A lire sur regards.fr : Loi travail : panique au sommet
La huitième journée de mobilisation contre la Loi travail a été marquée par des affrontement violents entre la police et les manifestants, avec pour conséquences de nombreux blessés, dont un jeune homme de 28 ans très sérieusement touché en fin de manifestation à Paris.
Sur Basta ! : Manifestants blessés : les vidéos qui témoignent de l’escalade de la violence policière
Une centaine d’intellectuels et de personnalités dénoncent la stratégie du gouvernement d’isoler des «groupes organisés» et d’exagérer leurs faits de violence pour décrédibiliser les manifestations contre la loi travail à Rennes et à Paris.
Voilà deux mois que le gouvernement ne sait plus que faire pour venir à bout d’un mouvement auquel il ne comprend rien. Après avoir usé jusqu’à la lie la rhétorique anticasseur, il inaugure depuis la semaine dernière une nouvelle stratégie afin d’écraser ce qui lui résiste. Cette stratégie consiste à isoler, sur les suggestions des services de renseignement, des «groupes organisés» constitués policièrement en «associations de malfaiteurs», puis à les accuser de faits dont on exagère la gravité afin de pétrifier tant la population que ceux qui luttent…
Sur Libération : «Casseurs» : renverser l’accusation
« L’idée était d’identifier ceux qu’on pouvait et de les interpeller pour essayer d’identifier les auteurs eux-mêmes. »
Un rassemblement de quelques centaines de policiers qui prennent des selfies à la chaîne avec des élus FN. Un rassemblement contre les violences policières qui est interdit, repoussé dans une rue, qui se transforme en manifestation, qui trouve une voiture de police sur son chemin. Une vidéo, vue un million de fois.
L’occasion fait le larron. Depuis le début du mouvement contre la loi travail le gouvernement ne sait que faire face aux cortèges de « non-affiliés » qui ont pris la tête des manifestations à Paris mais aussi à Rennes, Nantes, Lille, Lyon, etc. Nous étions ainsi revenus sur l’évolution des dispositifs de maintien de l’ordre, sur les tentatives de « nasse » …et leurs échecs.
Lire l’article sur Lundi matin : Cauchemars et facéties – voiture de police
Le « maintien de l’ordre à la française » connaît une nouvelle phase dans son évolution depuis 1995 avec la généralisation de l’usage des lanceurs de balle de défense et la multiplication des mutilations. Rarement condamnés, les policiers responsables des tirs évoluent dans une relative impunité, allant de pair avec la dureté de la répression des mouvements contestataires.
Pierre Douillard-Lefèvre a été mutilé par un tir de lanceur de balle de défense LBD en 2007 quand il était lycéen. Aujourd’hui étudiant en sciences sociales, il vient de publier un essai édifiant sur l’armement répressif du maintien de l’ordre : L’Arme à l’œil, aux éditions Le Bord de l’eau. Il a été « interdit de séjour » le 17 mai à Nantes.
Lire son interview sur Reporterre : « La doctrine de maintien de l’ordre a changé. L’objectif est maintenant de frapper les corps »
Jusqu’où ira Bernard Cazeneuve ? Personnalité modérée et discrète au sein du Parti Socialiste, M. Cazeneuve se retrouve depuis deux mois dans un corps-à-corps extrêmement brutal avec le mouvement de protestation contre la Loi El-Khomry. Sous couvert d’anonymat, un de ses conseillers le reconnaît : « Il ne sait plus comment faire, il perd pied ».
A lire sur Lundi Matin : Loi travail: quand l’état d’urgence justifie les interdictions de manifester
Le climat mondial actuel est une sorte de continuum entre la paix et la guerre : il s’agit moins de gagner la paix qu’à maintenir une forme de domination permanente sur un territoire. Les guerres actuelles semblent si illimitées dans l’espace et le temps, au détriment du respect du droit international, qu’elles prennent des aspects divers allant de la militarisation croissante de la société (état d’urgence) aux opérations militaires extérieures. C’est ce que l’anthropologue Jeff Halper nomme la “guerre sécurocratique” : sans début ni de fin clairement identifiés, ces guerres échappent au contrôle démocratique des parlements nationaux et des populations civiles subissant l’arbitraire de ces situations. – See more at: http://jeunesamisdelaterre.org/complexe-militaro-industriel-et-ventes-darmes#sthash.JEeKYjhN.dpuf
Pour mieux comprendre les liens entre la crise climatique et les questions des ressources naturelles, des guerres, du néo-colonialisme, des frontières, de l’état d’urgence, du commerce des armes et des migrations, nous avons invité des militant-e-s impliqué-e-s sur ces thématiques pour une journée de formation qui s’est tenue le 24 avril dernier. Le texte que voici a été écrit suite à l’intervention de Tony Fortin, de l’Observatoire des armements.
Sur Les Jeunes Amis de la Terre : Complexe militaro-industriel et ventes d’armes
Et quand tu racontes tout ça à des gens qui ne savent pas, qui n’ont pas suivi, tu te rends compte de l’accumulation, tu te rends compte qu’il y a des choses hallucinantes que tu avais presque oubliées parce qu’elles ont été suivies d’autres choses hallucinantes, encore plus parfois, et aussi tu te rends compte que tout ça n’est pas juste une succession de trucs scandaleux, mais un processus d’ensemble.A fortiori quand, en face de toi, des gens qui vivent en Amérique latine, qui viennent d’Argentine, d’Uruguay, de Porto-Rico ou d’ailleurs, qui ont connu la France ou ne l’ont pas connue, mais qui pour la plupart viennent de pays où la mémoire de la dictature est encore fraîche, te regardent avec des yeux effarés, ahuris, choqués.
Lire l’article de Julien Salingue d’Acrimed sur Rue89-L’obs : « Quelque chose de – vraiment – pourri dans le royaume de France »
« De toutes les manifestations du pouvoir, celle qui impressionne le plus les hommes, c’est la retenue », écrivait Thucydide dans La Guerre du Péloponnèse, quatre siècles avant J.-C. Depuis plus d’un mois, c’est tout l’inverse. Dans les manifestations contre la « loi travail », à Paris comme ailleurs, l’âcreté des gaz lacrymogènes le dispute à celle des opposants au texte. Dimanche, le défilé parisien du 1er mai – massivement « nassé » par les CRS – s’est transformé en pisciculture toxique et irrespirable, bloqué pendant plus d’une heure par les forces de l’ordre…
Mobilisation active contre la loi travail, Nuit Debout… Depuis plus d’un mois, les violences et débordements policiers contre les manifestants se multiplient. Comme si, dans le climat tendu de l’état d’urgence, la seule option était la confrontation. Analyse d’une dérive dangereuse.
Lire l’article sur Télérama.fr : Violences dans les manifs : mais que fait la police ?
Interdit comme arme de guerre, mais pas pour ses usages « civils », le gaz lacrymogène est d’autant plus dangereux qu’il est utilisé de manière irresponsable. Notamment en France, pays exportateur de ce produit et de son savoir-faire répressif…
D’après une étude de l’université de Yale, le gaz lacrymogène n’a pas seulement des effets irritants : il s’agit surtout d’un gaz neurotoxique. Ainsi, le contact avec ce gaz ne provoque pas seulement des douleurs immédiates, mais l’exposition prolongée au gaz lacrymogène peut causer des problèmes respiratoires sérieux, voire des crises cardiaques comme on peut le lire dans le Journal of the American Medical Association. Ces effets sont renforcés chez des enfants (que la police a par exemple gazés lors de la manifestation du 1er mai à Paris). Chez des femmes enceintes, il peut provoquer des fausses couches et s’avère mortel pour des personnes souffrant d’asthme ou d’autres problèmes bronchiques.
A lire sur regards.fr : Pourquoi il faut interdire le gaz lacrymogène
C’est important de rappeler que, dans les manifestations, tous les collègues sur le terrain n’interviennent que sur ordre. Si certaines, comme le 1er Mai, se terminent en « souricière » place de la Nation, c’est que l’ordre en a été donné. Le message qui est passé, c’est « casseurs venez, vous pourrez agir en toute impunité, et manifestants ne venez plus avec vos enfants, car c’est dangereux pour vous ». Et à la fin de la journée, les médias ne parlent que des violences, et surtout plus des raisons pour lesquelles les citoyens manifestent. Le pouvoir politique instrumentalise la police, qui sert de bouc émissaire. Cela permet au gouvernement de faire diversion.
Gardien de la paix au renseignement territorial, secrétaire général de la CGT police, Alexandre Langlois dénonce une volonté délibérée de « dégoûter les manifestants ». Il raconte les coulisses des violences.
Lire l’entretien sur L’Humanité : « Tout est mis en place pour que ça dégénère »
Lors de la manifestation du 1er mai à Paris, les forces de l’ordre ont eu recours de manière intensive aux grenades dites « de désencerclement », occasionnant un grand nombre de blessé-e-s, dont certain-e-s gravement. C’est l’occasion de rappeler ce que sont vraiment ces grenades.
A lire sur Paris-luttes.info : Suite au 1er mai : autopsie de la grenade de désencerclement
Ce 1er mai nous a fait respirer plus de gaz que de muguet. La manifestation parisienne aura confirmé que l’Etat est le premier organisateur de la violence. Avec la collusion de quelques médias qui lui servent de ventriloques, il cherche à mettre en scène une décrédibilisation et une criminalisation du mouvement social. Cette double manipulation ne doit pas passer.
Lire l’article sur Le Club de Mediapart : La fabrique de la violence
Ils ont osé s’attaquer au défilé du 1er mai.
En dehors de l’intox gouvernementale qui tourne en boucle sur Rance 2 (les jeunes sont des casseurs, la manif a été peu suivie, le pays aime la loi travail et ça ne dérange personne d’être obligé de travailler 60 heures par semaine, même si c’est illégal selon les règlementations européennes) la réalité est là : le gouvernement de François Hollande est le premier a avoir fait du défilé du 1er mai une souricière pour les travailleurs…
Lire l’article sur Lundi matin : Ils ont osé ! – par Olivier Long, enseignant-chercheur
Depuis 2011, les formes de soulèvement de par le monde États-Unis, Égypte, Espagne, Turquie, Brésil, Grèce, France, etc. se radicalisent. Des mots d’ordre, inaudibles hier, deviennent patrimoine commun. Le débat idéologique se dégage enfin de l’attraction de l’extrême droite. L’émancipation, l’invention de nouveaux droits sociaux, l’abolition des frontières pour tous et toutes reprennent leurs places dans les débats.Actuellement, en France, les luttes contre la « loi Travail » et la persistance des « Nuits debout » s’insèrent dans ce parcours d’apprentissage et d’expérimentation. À travers elles, nous pouvons nous réapproprier la rue et défier l’état d’urgence, renverser le climat de peur, d’islamophobie et de racisme entretenu par le pouvoir…
A lire sur CIP-IDF : Débordons !
Et c’est ainsi qu’en France, un invisible se constitue.
Face à cela, le cinéma peut encore décélérer, recadrer, rendre visible ce qui est passé sous nos yeux : revoir.
Le réalisateur Mathieu Bareyre et l’ingénieur du son Thibaut Dufait nous ont adressé une vidéo de la place de la République, tournée lors de la nuit du jeudi 28 au vendredi 29 avril. « Quelle stupeur fut la nôtre, le lendemain, de découvrir tout ce que contenait ce plan… », écrivent-ils. Nous leur avons demandé un décryptage pour l’accompagner.
Sur Le Club de Mediapart : On ne sait jamais ce qu’on filme
« La plupart des journalistes vont s’abriter derrière les CRS, parce qu’ils ont peur des manifestants. Moi, j’ai choisi de montrer le contre-champ en défilant du côté des manifestants »
Caméra au poing, ce journaliste indépendant filme les débordements des manifestations comme nul autre, au point d’être devenu une référence.
Portrait sur L’Obs : Alexis Kraland, le casse-cou qui filme la violence policière de l’intérieur
… Ou comment parler de casseurs pour tenter de casser le mouvement
Texte collectif distribué et lu lors de l’assemblée Nuit Debout le 19 avril sur la place de la République.
A lire sur Paris-luttes.info : Ça passe et ça casse…
Ce qu’il faut expliquer, ce n’est pas qu’il y ait des débordements autour de la Nuit Debout à Paris, c’est qu’il y en ait si peu. Au fond, tout le monde comprend très bien pourquoi des gens qui se réunissent tous les soirs depuis deux semaines pour réfléchir à la fin du capitalisme en viennent à exploser les vitrines de la Société Générale (#PanamaPapers). C’est évidemment juste, ça tombe sous le sens. Là n’est pas le problème. C’est pourquoi l’apologie morale de la violence, la justification théorique ou idéologique de la « casse » n’amèneront jamais plus de gens à se battre contre la police ou à défoncer les vitrines des banques.
Il ne faut jamais oublier que si beaucoup de gens se tiennent à carreau en manifestation, ce n’est pas parce qu’ils sont viscéralement pacifistes, mais simplement parce qu’ils ont peur. Dépasser cette peur est une tâche collective, qui ne s’accomplira jamais mieux que dans la rue. En faisant attention à tout le monde, et pas seulement à ses amis ; en veillant les uns sur les autres, même dans les pires situations.
A lire sur Lundi Matin : Réflexions sur la violence
Je suis contre la violence des bandes casquées qui jettent des projectiles détonants. Chaque jour qui passe, elles agressent, tabassent, blessent, parfois grièvement. En bandes de voyous très mobiles, s’infiltrant jusque chez les manifestants les plus paisibles, elles apportent dans les cortèges un niveau de brutalité jamais vu depuis des décennies. Ces actes sont d’autant plus dangereux qu’ils sont coordonnés avec des groupes beaucoup plus nombreux et militarisés, suréquipés et surarmés. J’approuve donc vivement ceux qui débusquent et chassent ces nervis hors des manifestations, et qui tiennent à distance leurs acolytes en noir ou bleu, qui veulent interdire l’exercice du droit de grève et des libertés d’expression, de manifestation, de mouvement. Tous les moyens nécessaires doivent être déployés pour contrer la violence des BAC, des CRS et des gardes mobiles. Il y a encore des progrès à faire, en terme de coordination des déplacements ou en matière d’équipement (on ne comprend pas, par exemple, pourquoi l’usage des bombes lacrymogènes performantes devrait être réservé à la flicaille), mais il faut saluer le courage et la détermination des milliers de jeunes et de moins jeunes qui, à travers tout le pays, s’opposent à la violence policière.
Lire l’article sur Lundi Matin : Je suis contre la Violence