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24/01/2007

Cité internationale des Arts : expulsions et fermeture

Classé dans : culture, désintoxicant, libertés @ 09:51

La Cité internationale des Arts est une fondation d’utilité publique ; elle a pour vocation d’accueillir des artistes professionnels français ou étrangers qui souhaitent développer un travail artistique à Paris. Il s’agit de l’un des rares organismes de résidences d’artistes dans la capitale. Le site de la rue Norvins dans le 18è arrondissement comprend une trentaine d’ateliers attribués essentiellement à des artistes parisiens sur proposition de la Ville de Paris à l’issue d’une commission. La Ville de Paris est propriétaire du site et subventionne la Cité des Arts à hauteur de 890 000 euros par an.

Le 5 décembre dernier, les artistes en cours de résidence rue Norvins sont sommés, sans autre forme de préavis, de quitter les lieux avant le 27 décembre. La raison invoquée est la réparation d’une chaudière. Quelques rares solutions de relogement sont proposées, souvent inacceptables (ateliers exigus, impropres au travail, périodes de carence de plusieurs mois, etc.). Les artistes découvrent alors le fonctionnement autocratique, archaïque et totalement opaque de cet organisme dirigé depuis plus de trente ans par Mme S. Brunau, qui affiche ouvertement son désintérêt pour l’art contemporain. Les décisions des commissions d’attribution ne sont pas respectées, les procès-verbaux ont mystérieusement « disparu ». A Norvins, les artistes (professionnels, âgés de 30 à 40 ans) sont interdits de rassemblement dans les espaces communs et voient leurs ateliers visités en leur absence. Une demi-douzaine d’ateliers-logements sont réservés à des protégés de la directrice, d’autres restent vacants pendant des mois ou des années.

Devant l’impossibilité d’une concertation avec la direction de la Cité des Arts, les artistes décident le 15 décembre de se tourner vers la Ville de Paris, dans l’espoir de trouver un interlocuteur concerné. Celle-ci est sollicitée afin de trouver une solution aux problèmes de chaudières invoqués pour fermer le site, de fixer une date pour les travaux tenant compte des résidences accordées par la commission et de donner un préavis raisonnable pour laisser aux artistes le temps de se reloger.

Des contacts sont établis avec les cabinets de Mrs Bertrand Delanoë et Christophe Girard ainsi qu’avec la mairie du 18e arrondissement : le cabinet du maire et Mme Danièle Fournier, adjointe à la Culture.

Les différents interlocuteurs réaffirment à plusieurs reprises leur soutien aux artistes, leur promettant qu’une solution va être trouvée, qu’« aucun artiste ne sera à la rue » et qu’« il n’est pas question de fermeture » (Christophe Girard, Libération, 6 janvier 2007).

Mercredi 17 janvier : Les artistes apprennent que la Ville de Paris valide la décision de M. Sydney Peyrol, nouveau directeur de la CIA, d’expulser tous les résidents au plus tard le 31 janvier 2007 et de dépêcher des maîtres-chiens pour « protéger le site contre d’éventuels squatteurs ».

Depuis, les serrures de deux ateliers ont été changées pendant la nuit en l’absence des résidents et le chauffage diminué au minimum dans les ateliers malgré la présence de deux nourrissons.

Nous souhaitons aujourd’hui alerter les acteurs de la scène culturelle parisienne sur la situation d’urgence dans laquelle se trouvent les résidents de la Cité des Arts, en plein hiver, dans le contexte actuel de crise du logement mais aussi sur le risque de disparition définitive de la trentaine d’ateliers du site Norvins.

Nous tenons à souligner que la question des ateliers-logements et des conditions de travail des artistes à Paris est trop problématique pour laisser fermer inutilement quatre bâtiments en état de fonctionner ; que si des réparations s’imposent, elles ne nécessitent pas des expulsions massives ; que la manière dont les artistes sont fragilisés par un retour anticipé et brutal sur le marché immobilier marque le manque de la réflexion sur la situation réelle des artistes ; que seule une prise en compte des difficultés des artistes à se loger et à travailler à Paris aujourd’hui pourrait arrêter l’hémorragie actuelle qui les conduit à fuir la capitale française pour des villes plus accueillantes.

Les artistes-résidents

posté par frédéric.


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