le loup voyou

De nombreuses questions resteront à jamais sans réponse claire et sûre : pourquoi les dinosaures ont disparu, par exemple, ou bien Jésus est-il mort sur la croix ou/et a-t-il engendré une progéniture avec Marie-Madeleine ?
Parmi toutes ces énigmes, ce sont celles concernant les USA qui me taraudent l’esprit : y-a-t-il eu conspiration le 11 septembre ? J’en étais presque persuadé quand j’ai lu l’article du Monde diplomatique de décembre 2006 d’Alexandre Cockburn intitulé « Le complot du 11-septembre n’aura pas lieu ».
J’entends souvent dire : « sur le net tu as toute l’info mais tu ne peux pas vérifier … » Il est sous entendu que puisque les sources sont inaccessibles, les infos diffusées ont tout au plus le statut de rumeurs, de ragots etc …
Or, et le pays visé en premier lieu par l’info numérique étant les USA, il faut bien reconnaître que le net nous a ouvert les yeux comme jamais avant.
En 2001, la rencontre d’un événement historique et de la technologie de diffusion de l’information sur le net, notamment les blogs, a créé un courant de contre-information sans précédent.
Dans la masse des infos, on peut appliquer une loi proche du Darwinisme : les plus solides et les plus nombreuses allant dans le même sens résistent et survivent, et donc on peut penser qu’elles reflètent la « réalité ».
Cela peut surprendre comme approche si on part du principe qu’une information correspond à une vérité. Mais cette vue, l’idée de la vérité, me semble un peu naïve et simpliste (en vieillissant).
De quelle information parle-t-on ? L’officielle ? Celle donnée par Bush ou Blair pour partir en guerre ? Peu fiable, n’est-il pas ? Mais bon, adopter une attitude suspicieuse à l’égard des médias dans leur ensemble vous fait vite passer pour un marginal, un décalé, pire un conspirationiste (5% des américains).
Et pourtant Dylan Avery, l’auteur de « Loose change » a frappé les esprits. Déjà avant, « tous s’interrogeaient sur les faiblesses de la théorie officielle » du 11 septembre. Le doute s’est en fait très vite installé dans les esprits aux USA, surtout quand on annonça que les avions n’étaient qu’à moitié pleins : ce qui apparaissait peu crédible pour des avions de ligne régulière (faire voler un avion à perte est très surprenant là-bas).
Après avoir vu le film, il devient difficile de ne pas penser « Bush regime enginered 09/11 », ce qui peut se traduire par « l’administration Bush a organisé le 11-sept ». Mais là aussi, pas de certitudes, ce serait trop facile même si les évènements des 5 dernières années apparaissent plus clairement si on part de cette hypothèse.
C’est vrai que vu l’après 11 septembre, tout porte à croire que cet attentat était du pain béni pour l’administration Bush : légitime défense, opinion publique choquée, ennemi implanté dans une région du monde pleine de ressources naturelles, occasion l’utiliser la force militaire et de justifier les dépenses d’armement rendues inutiles depuis la chute du mur etc …
A tout ça certain rajoute le fait que les tours du World Trade Center étaient pleines d’amiante et qu’il fallait les condamner à court termes pour entreprendre des travaux pharaoniques (comme la tour Montparnasse d’ailleurs), que la famille Laden associée aux Bush dans l’industrie pétrolière est forcément complice, que le projet d’envahir l’Irak date de la première guerre du Golf où Bush père avait eu la « lâcheté » (la sagesse) de ne pas faire tomber Sadam, que chaque fois que les USA ont voulu entrer en guerre ils ont procéder de la même manière (sacrifice de Pearl Harbour), que … j’arrête là car ça fait trop !
Finalement on aurait affaire à un pays dominateur capable de manipuler les opinions publiques de tous les pays pour contrôler le monde à la manière de Big Brother dans 1984 d’Orwell : c’est à dire en s’inventant un ennemi imaginaire qui justifierait tous les sacrifices demandés à une population soumise et désinformée. Je suis à 2 doigts de penser ça!

Maintenant imaginons que ce soit vrai et reconsidérons l’histoire. C’est ce que fait Alexander Cockburn dans son article, il débute ainsi :
« Où se trouvait la gauche américaine lors de la campagne qui, le 7 novembre, s’est conclue par la victoire des démocrates dans les deux chambres du Congrès ? Etait-elle dans la rue pour mobiliser contre la guerre d’Irak ? Non, le mouvement antiguerre est inerte depuis des mois. Et, lors de l’une des rares manifestations pacifistes organisées dans ma ville d’Eureka, en Californie, lorsqu’on m’a demandé de prendre la parole, trois des cinq orateurs n’évoquèrent même pas le conflit en cours. Ils préférèrent assommer le public – et éclaicir les rangs de l’assistance – à coups de ratiocinations interminables sur les attentats du 11 septembre 2001. Leur objectif ? Prouver qu’on était en présence d’un complot intérieur fomenté par MM. George W. Bush et Richard Cheney ou (variation du même thème) par des puissances obscures dont les locataires de la Maison Blanche furent les simples porteurs d’eau. »

Bref ce journaliste américain réputé de gauche en a marre du complot car il détourne selon lui l’opinion des vraies questions. En effet, on peut s’interroger …
Si Ben Laden et AL-Quaida n’avaient pas fait le coup, pourquoi n’ont-ils pas dénoncer le complot ? Ils auraient définitivement diabolisé les USA capables de tuer leurs propres concitoyens pour parvenir à leurs fins. Même si la revendication des attentats n’est pas très claire, on a rien eu de tout ça.
En arrivant en Irak, pourquoi Bush n’a-t-il pas fait semblant de trouver des armes de destruction massives et a plutôt fait l’aveu qu’il n’y en avait pas ? Il n’était plus à ça près !
Si les 2 tours du World Trade Center étaient truffées de bombes, des centaines de personnes auraient dû procéder au minage des tours, et dans ce cas le secret aurait été révélé : plus on associe de complices, moins on a de chance de garder le secret !
Je passe sur tous les autres contre-arguments à la théorie du complot pour en venir à ce que tout ça sous-tend.
L’idée du complot repose avant tout sur la foi en l’efficacité américaine (technologique, organisationnelle, …). Le mot-clé est « dû ». Un chasseur aurait dû intercepter l’avion, un contrôleur aérien aurait dû prévenir les autorités. Et de citer un fameux contre-exemple de cette efficacité dans la tentative manquée de libérer les otages en Iran en avril 1980. Sans aller chercher si loin, les mésaventures vietnamienne et iraquienne sont d’autres illustrations de cette fameuse efficacité.
De plus, cette théorie laisse entendre que des arabes n’auraient pas pu le faire, ce qui est un peu méprisant.
Mais le vrai danger du complot réside dans le fait qu’il diabolise l’administration Bush, et donc induit qu’une autre administration est possible : or ce n’est pas le cas car les démocrates, en dépit du mensonge sur les armes de destruction massives pensent eux aussi qu’il fallait partir en Iraq. A la prochaine alternance politique, ce seront les démocrates qui gèreront la crise de manière à se faire réélire, c ‘est à dire ne laissant à une autre administration la responsabilité de quitter le pays la tête basse. Et c’est comme ça que ça va durer et durer …
La théorie du complot naît du désespoir et de l’infantilisme politique. Elle détourne les citoyens de toute autre forme d’action (quoi faire devant un tel complot ??) progressiste qui pourrait avoir plus d’efficacité. Ce qui est réellement inquiétant, c’est la défiance du peuple américain vis à vis du monde politique : peu de personne pense encore que les politiciens disent la vérité. Les USA seraient-ils en train de payer les pots cassés d’un système politique qui n’a plus rien de démocratique et dont la constitution n’a pas changé depuis 1786 ??
Malheureusement j’aurais préféré un gendarme du monde, capable de contrôler la situation avec cynisme, c’est plus rassurant que de penser que l’autoritarisme militaro-économique des USA relève de l’aventurisme, de l’ignorance, de la naïveté (« le peuple irakien va nous accueillir comme des libérateurs ») et bien-sûr aussi du cynisme au regard du nombre de victimes occasionnées. Tout ça est beaucoup plus inquiétant que le complot !

écrit par JuanPablo.