La pauvreté en Chine : aller au delà des chiffres
Le dictionnaire nous donne [de la pauvreté] la définition suivante : « État, condition d’une personne qui manque de ressources, de moyens matériels pour mener une vie décente ». Mais qu’est-ce qu’une vie décente ? Sur quels critères doit-on apprécier que quelqu’un mène une vie décente ? Il n’existe pas réellement de définition internationalement reconnue de la pauvreté. La déclaration de Copenhague de 1995 se penche uniquement sur la notion de pauvreté absolue. Elle stipule que : « la pauvreté absolue est un état caractérisé par une privation aigüe en ce qui concerne les besoins fondamentaux de l’être humain : nourriture, eau salubre, installations hygiéniques, santé, abri, éducation et information. Elle dépend non seulement du revenu mais aussi de l’accès aux services sociaux ». Ainsi la pauvreté n’est-elle pas qu’une question de revenus, elle prend de multiples dimensions qu’un indicateur monétaire comme le seuil de pauvreté ne permet pas de prendre en considération. En Chine, 77% de la population chinoise (67% en zone rurale) seulement ont accès à une eau salubre contre 80,8% dans les pays à revenus intermédiaires inférieurs. De même, ce sont seulement 44% de la population (28% en zone rurale) qui ont un accès à des installations sanitaires contre 55,4% dans les pays à revenus intermédiaires inférieurs |13|. L’explosion des inégalités est en partie due aux mutations de la politique sociale chinoise. Les changements ont été radicaux dans le domaine de la santé : le système médical coopératif qui existait dans les zones rurales a été démantelé et la charge de la santé incombe maintenant aux ménages. Cela revient en fait à une privatisation du système de santé. Compte tenu de la faiblesse des revenus dans les zones rurales, on estime que 70 à 80% de la population rurale n’a aucune couverture en matière de santé |14|. Conséquemment, les indicateurs de santé révèlent une disparité croissante entre zones rurales et zones urbaines. On observe également la même évolution dans le domaine de l’éducation : en 2000, seulement 2,5% de la population urbaine âgée de 15 à 64 ans n’avait reçu aucune éducation scolaire, contre 8,7 % en milieu rural |15|. De surcroît, la question des travailleurs migrants, citoyens de seconde zone, et l’apparition d’une nouvelle forme de pauvreté urbaine noircissent le tableau…
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