Le balai comme la moindre des choses
Seuls ceux qui portent sur la politique le regard scolastique des logiciens auront du mal à comprendre qu’on puisse dire d’un même événement — comme l’affaire Cahuzac — qu’il est à la fois secondaire et principal. Péripétie fait-diversière et crapoteuse, bien faite pour attraper le regard et le détourner des choses importantes accord sur l’emploi « ANI », austérité, chômage, etc., la bouse soudainement posée n’en a pas moins le mauvais goût de tomber au plus mauvais moment — il est bien vrai que le spectacle de la cupidité déboutonnée, lors même que le corps social en bave comme jamais, donne quelques envies de coups de fourche. Elle y ajoute surtout un effet de révélation potentiellement dévastateur si l’on en vient à considérer que les « péripéties », loin d’être des exceptions locales sans signification globale, sont en fait les expressions d’un système, et qu’il n’est peut-être pas fortuit qu’on retrouve identiquement cette passion de l’argent dans tous les gouvernements qui se succèdent pour garantir sa continuité à l’austérité ainsi qu’à toutes les politiques conduites chaque jour plus visiblement d’après les intérêts du capital.
Lire l’article de Frédéric Lordon sur son blog La Pompe à Phynance : Le balai comme la moindre des choses