Lettre ouverte aux artistes : les vrais pirates ne sont pas toujours ceux quon croit.
Mettez un type qui n’a jamais fait de voile dans un petit dériveur, sur un étang, quand souffle une Tramontane ou un Mistral de force 10, et je vous garantie qu’il va ramer. A contre courant ? Pas nécessairement. Mais contre le vent, c’est certain. C’est un peu le sentiment que me donne l’industrie du disque aujourd’hui. Sa grand voile claque sous le vent et sur le pont, les mecs rament.
Il y a longtemps qu’ils rament, depuis qu’ils ont raté une occasion unique, celle d’embarquer sur le radeau de Napster, qui n’était certes pas très sécurisant, mais le destin du Titanic sur lequel ils paradaient depuis une quinzaine d’années était déjà scellé. Le beau navire était promis au naufrage. Et c’est ce qui s’est produit, entre 2001 et 2003, entre le sabordage judiciaire de Napster et le lancement d’iTunes Music Store.
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Dès lors, je comprends que vous, artistes, vous interrogiez, et que vous vous soyiez enfermés dans un certain mutisme, le temps d’une minute de silence symbolique, à l’occasion de la Fête de la musique.
Pourtant, nous n’avons jamais autant vécu en musique. Nous n’avons jamais autant écouté votre musique. Nous ne l’avons jamais autant aimée. Nous ne vous avons jamais autant aimés. D’où vient donc ce sentiment que le public et les artistes sont presque en instance de divorce aujourd’hui ?
En réalité, tout nous rapproche. Parce qu’en tant qu’ouvriers de la création, dont le quotidien est fait de précarité et de prise de risque, ce qui est somme toute le propre de tous les métiers de la création, vous nous ressemblez de plus en plus…
A lire sur le blog Digital Jukebox de Philippe Astor : http://www.zdnet.fr/blogs/category/telecom-medias/digital-jukebox/