antimondialiste

[ louvoyer : naviguer en zigzag à contre vent ]

28/06/2006

Métro, boulot, dopage

Classé dans : désintoxicant, santé @ 23:56

… Certaines personnes fonctionnent déjà comme cela. Elles se réveillent, prennent leur cocktail vitaminé ou leurs anabolisants, puis des excitants de plus longue durée, enfin, en rentrant le soir, quelque chose pour se décontracter, puis pour dormir… Le lendemain, elles redémarrent. Cette tendance a pris ancrage il y a quelques décennies, et il n’y a aucune raison qu’elle s’arrête.

Ne s’agit-il pas d’usages marginaux ?

Le nombre de ces personnes, certes limité, est difficile à évaluer, car il relève du chiffre noir implicite aux pratiques clandestines. Mais on constate une tendance lourde, notamment dans le monde du travail. En consultation à Marmottan, on voit de plus en plus de salariés sous antidépresseurs et anxiolytiques, qui ont forcé les doses prescrites, avant pour certains d’utiliser des amphétamines. On entre dans ce que j’appelle le « dopage au quotidien » : comme les sportifs, ces salariés prennent des produits pour rester dans la compétition. Un salarié gorgé de caféine haut dosage ou d’excitant est performant, il assure. Tout le monde sait qu’un certain nombre d’entre eux se chargent, mais tant que cela fonctionne, le milieu professionnel ferme les yeux.

Comment expliquer cette évolution ?

Depuis les années 1980, le médicament a perdu son statut un peu magique et sa référence directe à une maladie et à un traitement. Ce changement est incarné par le Prozac, un antidépresseur devenu quasiment à la mode. On sait aujourd’hui que le nombre d’utilisateurs de ces produits est bien supérieur aux personnes cliniquement déprimées. Ce changement arrange bien les laboratoires car de nouvelles formes de dépendance s’installent.Cette évolution repose sur une triple logique : le premier axiome, c’est qu’à tout tracas du quotidien correspond une réponse pharmacologique. Le second, c’est que tout écart par rapport à la norme est considéré comme pathologique parce que socialement inacceptable. Il est devenu insupportable de côtoyer des personnes déprimées, colériques ou même en deuil. Enfin, nous baignons dans une obligation de performance qui est une exigence totale. Il faut être performant au boulot, dans sa vie sociale, affective, sexuelle. Nous avons même une obligation de bonheur avec une confusion entre le bonheur et les outils pour y accéder, ce qui explique pour partie la frénésie de consommation actuelle…

lire l’interview de Michel Hautefeuille, psychiatre et addictologue, sur le monde.fr : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-787687,0.html


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