antimondialiste

[ louvoyer : naviguer en zigzag à contre vent ]

09/03/2010

Quand les ampoules auront des dents…

Classé dans : consommation, désintoxicant, santé, écologie, électrosmog @ 20:52

Bientôt, toutes les ampoules à filaments seront interdites et remplacées par des « lampes basse consommation » grenello-compatibles. Un progrès d’une évidence pas franchement aveuglante…

LES vendra-t-on sous le manteau ? Déjà, on ne trouve plus d’ampoules à filament incandescent de plus de 100 W : elles sont interdites depuis le 1er septembre dernier (on en trouve encore au quasi-marché noir). Cette année, ce sera au tour des 75 W de disparaître puis, l’année prochaine, des 60 W… et, le 31 décembre 2012, ce sera l’extinction des feux : toutes nos bonnes vieilles ampoules à filament seront remplacées par des LBC, lampes basse consommation. Et cela grâce à la directive européenne du 8 décembre 2008, prise dans le cadre du plan Climat-Energie, et que la France, très « volontariste » en la matière, est une des premières, avec l’Irlande et l’Autriche, à avoir transcrite dans son droit national, en mars dernier. Un grand pas en avant dans l’éclairage de l’humanité ! Car ces ampoules consomment cinq fois moins d’électricité, et durent (en théorie) huit fois plus longtemps. Certes, elles coûtent environ cinq fois plus cher, leur lumière est glauque et moche, et à partir de huit allumages par jour elles fatiguent vite (ce qui raccourcit leur durée de vie). Mais elles vont sauver la planète ! Enfin presque…

« On ne réfléchit plus dès qu’il s’agit d’économie d’énergie et de rejet de CO² », dit au « Canard » Rémy Prud’homme, professeur émérite d’économie et ancien directeur adjoint de l’environnement à l’OCDE, pour qui « le changement obligatoire d’ampoules est une fausse bonne idée ». Ses arguments : 95 % de l’électricité consommée par une lampe à filament servent à produire de la chaleur (5 % seulement de l’éclairage) ; pour une lampe à basse consommation, c’est l’inverse. Les LBC ne chauffent donc quasiment pas. « En période hivernale, on compensera ce manque de chaleur par du chauffage en plus… »
Même sans tenir compte de ce petit désagrément, attend-on des LBC (actuellement 30 millions sur les 250 millions d’ampoules vendues chaque année en France) une importante économie d’énergie ? Pas vraiment : l’éclairage ne représente qu’environ 10 % de la consommation nationale d’électricité, un chiffre bien loin de ceux du chauffage ou des appareils électroménagers. Pourquoi alors se focaliser sur la lumière ? « II y a un fort pouvoir éducatif avec les lampes, indique-t-on au Syndicat de l’éclairage. Et c’est plus facile d’agir sur l’éclairage que sur le chauffage. » Ah, c’est pour le «pouvoir éducatif»…

La prostate de l’ampoule ?

Certains ne l’entendent pas de cette oreille.
Comme tous ceux, écolos et médecins, qui dénoncent la présence de mercure, un vrai poison, dans les LBC. Réplique du Syndicat de l’éclairage : « En accord avec la réglementation européenne, les nouvelles ampoules ne contiennent en moyenne que 3 mg de mercure. Il n’y a clairement aucun danger ! » Pour « lever les angoisses », l’Asef, Association santé environnement France, qui regroupe 2 500 médecins, a mené une étude d’où il ressort que ces ampoules sont inoffensives… sauf lorsqu’elles se brisent. Ils conseillent alors d’aérer et de quitter la pièce pendant un quart d’heure, puis de procéder au nettoyage (attention : pas d’aspirateur car cela peut répandre le mercure à travers la pièce), de préférence avec des gants, de placer les débris dans un contenant hermétique, puis de continuer de ventiler pendant plusieurs heures. Sympa.

Autre critique : le champ magnétique émis par les « basse conso ». Dans un clip qui a fait sensation l’an dernier sur le Net, Annie Lobé, journaliste scientifique indépendante, a montré qu’en mesurant à l’aide d’un gaussmètre le champ magnétique à proximité d’une LBC on arrive à des résultats affolants. Et de déconseiller formellement l’usage de ces ampoules, lesquelles pourraient être liées, avance-t-elle, « au pic mondial de l’incidence du cancer de la prostate en Guadeloupe ». Hum… De son côté, Pierre Le Ruz, docteur en physiologie, expert en radioprotection et président du Criïrem (Centre de recherche et d’information indépendantes sur les rayonnements électromagnétiques), a lui aussi sonné l’alarme sur ces «puissants champs électromagnétiques, susceptibles de gravement perturber les biens et les personnes ». Et de conseiller de se tenir à un mètre des ampoules et d’éviter de les utiliser comme lampes de chevet ou de bureau. Diantre !

Du côté du Syndicat de l’éclairage, appuyé par le laboratoire de l’Ecole supérieure d’électricité (Supelec), il est clair que ces critiques viennent de parfaits allumés : «A moins de 30 cm, il est impossible de mesurer les champs car ils ne sont pas formés. Les mesures du Criirem ne signifient rien. » Mais, Pierre Le Ruz n’en démordant pas, l’Ademe, Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, a tenté d’éclairer le débat en demandant à l’Afsset, Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail, d’étudier une méthode permettant de mesurer les champs magnétiques à proximité des « basse conso ». Etude qui a abouti en mars dernier à un protocole approuvé, entre autres, par le Criirem, partie prenante du débat. Une campagne de mesures devait suivre, à laquelle le Criirem devait être associé et dont les résultats devaient être communiqués fin décembre, mais toujours rien à l’horizon. Pour Pierre Le Ruz, ça sent le gaz : « Nous n’avons toujours pas été contactés par le bureau chargé de faire les mesures. Le Criirem a mis le doigt là où il ne fallait pas, et maintenant l’Ademe nous écarte… »

Pendant ce temps-là, les fabricants d’ampoules ne chôment pas : ils sont déjà en train de mettre au point le produit qui succédera à la lampe « basse conso ». La LED, diode électroluminescente, devrait être efficace en 2012, espère-t-on au Syndicat de l’éclairage. Ça tombe bien : notre vieille ampoule à filament aura alors disparu. Il sera donc temps de déclarer obsolète l’ampoule basse conso et de la remplacer par la LED, à 30 euros pièce. Brillant, non ?

Professeur Canardeau
dans le canard enchainé du mercredi 24 février 2010.

via le forum du site aquariophile KCF : www.killiclubdefrance.org/forum/index.php?topic=3321.0


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