Que faire, maintenant ?
… Les seuls qui peuvent vraiment faire évoluer la société de ce pays, ce sont les citoyens eux-mêmes. Au quotidien, en travaillant les uns avec les autres. En s’entraidant. En remettant en cause leurs propres préjugés, leurs propres haines, leurs propres favoritismes, leurs propres petits ou grands privilèges.
Quel que soit le candidat élu, comme pour la plupart des Français, ma vie ne va pas changer du jour au lendemain. Je vais continuer à travailler pour gagner ma vie en écrivant des livres personnels, des livres engagés, des livres que j’aime croire utiles. Je vais continuer à écrire et décrire des fictions, parce que je crois à la puissance de l’imaginaire et de la littérature. Je vais continuer à me battre pour que les femmes aient accès à la meilleur information sur la contraception, pour que les relations médecin-patient deviennent des relations de coopération et non de pouvoir. Je vais continuer à dénoncer tous les abus de pouvoirs dont je serai témoin, qu’ils soient de gauche ou de droite.
Je vais continuer à prendre la parole, quel qu’en soient les conséquences ou les risques.
Ma vie ne va pas changer notablement parce que j’ai la chance d’avoir une activité indépendante, parce que j’ai la chance de faire ce que j’aime faire. Mais je sais que ce n’est pas le cas de tout le monde, et que beaucoup d’entre nous ont peur que leur vie change notablemeent et devienne beaucoup plus compliquée qu’elle ne l’est déjà. Quel que soit le candidat élu, les personnes qui en France sont le plus abandonnées, méprisées ou laissées en rade par la société continueront à se débattre sous les yeux de de ceux qui s’en sortent bien.
C’est aussi pour ceux-là – ceux dont la vie ne va pas s’améliorer – que je continuerai à travailler, quel que soit le candidat élu.
Car la seule vraie défaite c’est celle qui consiste – par désespoir ou par triomphalisme, par sentiment d’impuissance ou par soulagement, par haine de l’autre ou par satisfaction égoïste – à fermer les yeux et à se taire.
lire l’article de Martin Winckler sur son blog Winckler’s Webzine
: http://martinwinckler.com/article.php3?id_article=888