antimondialiste

[ louvoyer : naviguer en zigzag à contre vent ]

24/07/2005

Tu n’as rien vu a Béziers…

Classé dans : désintoxicant, santé, écologie @ 12:35

Que s’est-il passé a Béziers du 27 juin au 7 juillet ? Presque rien. Juste l’incendie d’un entrepôt de 2 000 tonnes de produits toxiques à la société SBM, qui fabrique des insecticides et des fongicides. La ville a fermé ses fenêtres (onze jours en été!) aux épaisses nuées lacrymogènes. L’odeur de souffre a atteind Toulouse. Les urgences de Béziers, calfeutrées, ont soigné une dizaine de cas d’irritation pulmonaire – rien vous dit-on.

Dès le 28, le feu ne menaçait plus le reste de l’usine, même si, la fusion d’une charpente de métal empêchait d’atteindre le coeur du brasier. La police enquêtait. Les toxiques brûlaient. Sans danger toutefois selon la préfecture. L’unité de spectrométrie mobile des marins-pompiers de Marseille est venue, par deux fois, étudier les émanations. Résultat : du souffre surtout sous la forme SO2, le même polluant que dans la combustion du fuel. Il suffisait d’installer des capteurs de gaz d’échappement. Les taux s’afficheraient sur Internet.

Certes l’analyse montrait aussi des dégagements d’acide cyanhydrique, peu agréable à respirer, et d’un autre composé, le di-methylthio-phosphine, dont on n’est même pas sur qu’il soit toxique. Sa combustion nuit aux poumons, aux yeux et au cerveau via le sang, selon André Picot, toxicologue expert auprès de l’Union européenne.

De plus, rassurez-vous, le spectrographe n’a pas identifié de dioxine, bien que le hangar ait contenu 50 tonnes de produits chlorés, lesquels émettent des dioxines en brûlant. Tout s’explique néanmoins : celles-ci ont pu se former un des neuf jours où on ne les mesurait pas. On les trouvera peut-être dans les sols et produits laitiers, il suffirait de chercher. Peut-être bien, aussi, que le feu a épargné les produits chlorés.

Le 7 juillet, Cyril Van Caneguem, le directeur du site, a loué une grue. Des hommes sont descendus dans une nacelle, pour éteindre les foyers, sans rien toucher autour. Le 8, les flics bouclaient l’enquête, on enterrait les ruines, fin des fumées. Van Caneguem aura refusé jusqu’au bout de communiquer la liste des produits en combustion, secret industriel oblige. Rares sont les médias qui ont suivi ce non-événement. Il ne s’est rien passé à Béziers…

article du Canard enchaîné du mercredi 20 juillet 2005.


les photos et vidéos de ce site sont disponibles sous un contrat Creative Commons.

Le contenu de ce site est entièrement sous licence libre GFDL (Gnu Free Documentation License)

le loup voyou est optimisé pour tous les navigateurs (firefox, opera, safari etc.) sauf internet explorer...

Propulsé par WordPress