Cocaïne et crack : une progression inquiétante
Le Pr Michel Raynaud fait le point sur une toxicomanie longtemps cantonnée à quelques milieux plus ou moins marginaux, mais en forte progression actuellement dans toutes le catégories sociales, y compris chez des personnes « insérées ». Contrairement à celle aux opiacés, sa prise en charge ne bénéficie pas d’un traitement de substitution.
L’épidémiologie de la consommation de cocaïne est en train de changer. Quels en sont les traits les plus marquants ?
Premier point : depuis deux ou trois ans, la consommation de cocaïne augmente considérablement, rendant les données statistiques rapidement obsolètes. Cette progression n’en est qu’à son début : l’Europe est un marché nouveau pour les trafiquants de cocaïne, permettant de répondre à la relative saturation du marché américain. Les voies de pénétration de la cocaïne utilisent les circuits de commercialisation du cannabis, qui est aujourd’hui très répandu dans l’ensemble du corps social.
De ce fait, elle ne touche plus seulement les couches aisées de la population, notamment celles liées au spectacle, mais se démocratise : elle concerne aujourd’hui l’ensemble des milieux sociaux. Elle ne touche plus seulement des sujets marginalisés. Un certain nombre d’usagers sont parfaitement bien insérés socialement, avec des modes de consommation longtemps compatibles avec une vie quotidienne normale…
Lire l’interview de Michel Raynaud sur les Carnets de santé : http://www.carnetsdesante.fr/spip.php?article168
Le Professeur Michel Reynaud est psychiatre et chef du département de psychiatrie et d’addictologie à l’hôpital universitaire Paul Brousse. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont « Les pratiques addictives » (Odile Jacob, 2000), « Cannabis et Santé » (Flammarion, 2004) et « L’amour est une drogue douce… en général » (Robert Laffont, 2005).