Contamination radioactive de la France : quels sont les risques ?
La CRIIRAD a reçu plusieurs milliers de demandes concernant l’impact de l’arrivée sur la France des masses d’air contaminé : quels sont les risques pour ma santé ? Pour mes enfants ? Pour l’enfant que je porte ? Faut-il se protéger ? Si oui, comment ?
ALIMENTS POTENTIELLEMENT A RISQUE
Depuis quelques jours, les questions de nos correspondants portent plus particulièrement sur l’impact des retombées radioactives sur la chaîne alimentaire : les aliments sont-ils contaminés ? Si oui lesquels ? Doit-on éviter de les consommer ? Est-ce dangereux pour les enfants ? Pour une femme enceinte ? Pour une maman qui allaite son enfant ?
Il y a deux catégories d’aliments à risque : ceux qui sont contaminés par dépôt direct et ceux qui sont contaminés par transfert (lait et viande)
- L’importance de la contamination dépend, bien sûr de l’activité déposée (par voies sèche et humide) mais aussi du stade végétatif de la plante et des surfaces de captation disponibles : les végétaux à larges feuilles type salades, blettes, épinards, choux, oseille… font partie des aliments les plus exposés (sauf s’ils sont cultivés sous serre évidemment). Compte tenu du niveau de contamination de l’air, des coefficients de transfert de l’air au sol et à la pluie et de l’air et de la pluie aux végétaux, l’activité en iode 131 de ces végétaux devrait atteindre quelques becquerels par kilogramme, voire quelques dizaines de Bq/kg.
Précisons que les particules radioactives déposées sur les surfaces foliaires sont rapidement métabolisées par la plante (phénomène de translocation) et le fait de laver la plante n’est pas efficace. Certaines techniques culinaires permettent en revanche d’éliminer une partie de la radioactivité. - Le lait et les fromages frais et la viande provenant de troupeaux encore en stabulation ne posent évidemment pas problème. Par ailleurs, certains troupeaux sont actuellement conduits dans les pâturages mais l’essentiel de leur alimentation est encore apporté par du fourrage ou des grains. Dans ce cas, l’incidence de l’ingestion d’herbe contaminée reste limitée. Les animaux en pacage peuvent brouter l’herbe sur des surfaces étendues et ingérer ainsi les produits radioactifs captés par le couvert végétal. Une partie de la contamination est rapidement éliminée mais une partie se fixe dans leurs organes, en fonction des caractéristiques métaboliques de chaque radionucléide. L’iode radioactif se concentre dans la thyroïde de l’animal mais il est également fixé par les glandes mammaires et transféré au lait. On le retrouve également dans la viande mais en moindre concentration.
- Le facteur de transfert de l’herbe au lait varie fortement selon qu’il s’agit de lait de vache ou de lait de chèvre ou de brebis dont la contamination peut être supérieure d’un ordre de grandeur à celle du lait de vache. La radioactivité des fromages dépend de leur mode de fabrication et des délais d’affinage.
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Il est cependant facile de limiter les expositions à des niveaux négligeables en veillant à ce que ces aliments ne constituent pas, tout au long du mois d’avril, la base de l’alimentation de la famille. 0n peut ainsi préférer le lait « longue conservation » au lait frais, ne pas faire d’excès avec les fromages frais de brebis, les blettes, les salades ou les épinards. Ces mesures de bon sens concernent tout particulièrement les enfants, les femmes enceintes et les mamans qui allaitent…
Note d’information : version du 9/04/2011 : contamination de la France : quels sont les risques ?
Sur le site de la CRIIRAD : CENTRALE NUCLEAIRE DE FUKUSHIMA DAIICHI – Accidents nucléaires et rejets radioactifs