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[ louvoyer : naviguer en zigzag à contre vent ]

27/03/2006

DOMINIQUE, GALOPIN DE VIL POETE !

Classé dans : culture, désintoxicant, politics @ 15:21

Notre rimbaldien Premier ministre, qui a prénommé son fils Arthur, est vraiment un poète maudit … Suivant sa biographie officielle comme selon sa notice du «Who’s Who », il est censé, on le sait, avoir composé quatre recueils de poésies, pas moins : «Parole d’exil » (1986), « Le droit d’aînesse » (1988), « Sécession » et « Elégies barbares » (1996). A quand la pléiade, pardon le prix Nobel de littérature ?

Or aucun de ces recueils n’a en fait été publié, du moins en France. C’est ce que révèle l’amusant et instructif petit « Dictionnaire insolite : Villepin de A à Z » qui vient de paraître (Cosmopole). Son auteur, David Duponchelet, a eu l’idée saugrenue d’interroger Matignon sur l’éditeur des poèmes. Première réponse «Euh, Poésie Gallimard », puis « On vous rappelle », puis plus de réponse !
Autrement dit, notre plumitif de Premier ministre se targue d’une œuvre au mieux inédite, pire inexistante ? Il n’a même pas l’argent pour se publier à compte d’auteur ? Vite, une souscription nationale !

Après «une longue et tortueuse enquête», l’auteur a fini par retrouver une maigre brochure de 108 pages publiée par la Maison de la poésie du Maroc en 2003 sous le titre « Urgences de la poésie ». Urgence à la lire car il ne s’agit pas de quatre recueils, mais d’un recueil de quatre poèmes, dont les deux premiers intitulés … « Parole d’exil » et « Le droit d’aînesse » !
Extrait : « Dans nos rangs déjà marchent les puits ! Complices de très anciennes rages », les « puits » où tombent les poètes méconnus en « ancienne rage » de ne pas être publiés ?

Or, nul ne l’ignore, le Premier ministre est né à Rabat en 1953, et il ne manque pas au Maroc d’amis bien intentionnés.
Peu avant cette publication, il a d’ailleurs fait chevalier des Arts et des lettres, en octobre 2002, le directeur de la Maison de la poésie du Maroc en personne, Mohammed Bennis. Puis, en juillet 2004, il a décoré de l’ordre national du Mérite Mehdi Qotbi, le prof de dessin et lobbyiste marocain qui avait illustré le volume…

Plus fort encore pour le rayonnement de la France, : Villepin a publié deux autres poèmes en août 2005 à Pékin dans un catalogue de l’artiste sud-coréenne Myonghi au tirage confidentiel ! Sous le titre « Déraison », on peut lire les vers immortels comme « Confidence est la main ! A l’endroit du sillon ! Pareille au goéland ! Brûlant son nid d’écume ». Y a-t-il un sous-entendu érotique ? L’attaque du poème « Insurrection » semble un réservoir de slogans pour les manifestants contre le CPE : « Les ports larguent les amarres ! Quand sourd la révolte (…) ! Sous les digues ivres d’équinoxe ! où la mer d’écume et de vent ! S’ébroue ! Comme la plus folle des bêtes ». Bon courage, les gars…

Comme on voit, la poésie de Villepin est un produit fragile, rare, une essence exotique qui ne survivrait sûrement pas à son importation en France. Il est d’ailleurs fort probable que nos bons ambassadeurs ont soutenu la publication de l’œuvre de leur ancien ministre : ça ne peut pas leur nuire à la carrière… En revanche, il a été impossible jusqu’ici de retrouver les deux « recueils » annoncés par Villepin pour 1996 : « Elégies barbares » et « Sécession ».
Si jamais un lecteur du « Canard » mettait la main dessus au hasard de ses pérégrinations sous les alizés, qu’il n’hésite pas à nous les apporter au triple Galouzeau !
D.F.

extrait du « Canard enchaîné » du 8 mars 2006.

merci encore à jacqueline pour la saisie.


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