Et si on fermait la Bourse…
C’était il y a un peu plus d’un an : les gouvernements secouraient les banques aux frais du contribuable. Mission accomplie. Mais à quel prix ? L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) évalue à 11 400 milliards de dollars les sommes mobilisées par ce sauvetage. Soit 1 676 dollars par être humain… Mais la finance n’est pas qu’affaire de banquiers. C’est aussi celle des actionnaires. Une proposition pourrait ne pas leur plaire : fermer la Bourse.
Pour un peu, le grand spectacle de ces deux dernières années nous l’aurait presque fait oublier : là où la finance « de marché », appellation un peu idiote mais il en faut bien une pour faire la différence, semble s’activer dans un univers clos, loin de tout et notamment du reste de l’économie, la finance actionnariale, celle des propriétaires des moyens de production, campe à l’année sur le dos des entreprises — et, comme toujours, en dernière analyse, des salariés. Il a fallu la « mode du suicide » si délicatement diagnostiquée par M. Didier Lombard, président-directeur général (PDG) de France Télécom, pour offrir l’occasion, mais si peu saisie dans le débat public, de se souvenir de ce dégât quotidien de la finance actionnariale dont les injonctions à la rentabilité financière sont implacablement converties par les organisations en minimisation forcenée des coûts salariaux, destruction méthodique de toute possibilité de revendication collective, intensification épuisante de la productivité et dégradation continue des conditions matérielles, corporelles et psychologiques du travail…
Lire la suite de cet excellent article de Frédéric Lordon sur le site du Diplo : www.monde-diplomatique.fr/2010/02/LORDON/18789
A lire aussi l’interview de Frédéric Lordon par Emmanuel Lévy sur son blog La pompe à phynance : blog.mondediplo.net/2010-03-12-Il-faut-fermer-la-Bourse
Et aussi ne manquez pas d’écouter l’émission Là-bas si j’y suis du 6 mars, la version intégrale de l’entretien avec Frédéric Lordon autour de son article : www.la-bas.org/article.php3?id_article=1898