Quelle est la place du pingouin dans notre société?
L’informatique est un domaine en très forte expansion depuis quelques décennies. Les puissances de calcul des ordinateurs augmentent, il faut donc aussi créer des logiciels toujours plus performants pour utiliser cette nouvelle puissance. L’industrie du logiciel est vaste et très rentable. Tous les moyens sont bons pour s’imposer. Les juristes sont un peu perdus par toutes ces nouveautés, et les éditeurs de logiciels en profitent pour s’imposer au détriment de leurs concurrents, mais aussi au détriment des utilisateurs. Nous allons voir ensemble les abus engendrés par l’économie actuelle basée sur les logiciels propriétaires, avant de parler du logiciel libre, basé sur un modèle économique et des motivations radicalement différentes.
Commençons par les fondements commerciaux de l’industrie du logiciel, et sur ce qui en fait une activité dangereuse pour la liberté des utilisateurs.
Le modèle économique est assez simple : payer d’un coté des développeurs pour la programmation d’un logiciel et revendre ensuite à chaque utilisateur un droit d’utilisation de ce logiciel. Les logiciels ainsi développés sont complètement fermés ; l’accès aux sources n’est pas accessible par le public, rendant impossible toute possibilité de voir comment ils fonctionnent, ce qu’ils font exactement ni comment modifier un bug ou ajouter une fonctionnalité qui pourrait manquer. Tout cela permet aux éditeurs de faire ce que bon leur semble, l’utilisateur n’étant plus vraiment considéré comme un client mais comme une victime, comme par exemple le rootkit de Sony, installant dans les ordinateurs un logiciel espion permettant a sony d’accéder à des informations privées.
Lorsqu’on installe un logiciel sur son ordinateur, les droits et obligations de l’utilisateur sont rassemblés dans un texte que l’on appelle « Contrat de Licence pour l’Utilisateur Final » (EULA ou simplement la licence) (vous savez, le long texte qu’il faut faire défiler pour pouvoir cliquer sur « j’accepte »). Ce texte fait office de contrat, au même titre qu’un contrat de travail ou d’achat. Ici, il faut un contrat d’utilisation, comme lorsque l’on utilise une voiture de location. Ce contrat indique les droits de l’utilisateur, mais aussi les droits du fournisseur du logiciel.
Le contrat que l’on doit signer pour utiliser windows (vendu pré-installé sur la majorité des PC actuellement) nous dit que rien n’oblige Microsoft à nous fournir un logiciel fonctionnel, que Microsoft se garde la possibilité de supprimer certains de vos fichiers personnels et s’autorise aussi à rompre ce contrat de façon arbitraire, etc…
Fermer les sources d’un logiciel permet aussi de brider volontairement les possibilités d’un logiciel. Par exemple un ipod est volontairement limité : il n’est en effet pas possible de récupérer la musique depuis l’ipod vers un ordinateur, il n’est pas possible non plus de lire certains formats de fichiers que le fabricant n’approuve pas, etc… Ces limitations sont volontaires de la part du fabricant : pour preuve, une petite équipe à réussi à remplacer le système de l’ipod par un autre système, basé sur linux, permettant ainsi d’accéder à toutes ces fonctionnalités (et bien plus encore) que le fabricant ne voulait pas proposer à l’utilisateur, les critère étant dictés par une guerre commerciale entre fabricants.
Microsoft possède le monopole. Son but est donc de le garder, en empéchant les utilisateurs de pouvoir changer de système. Tout est bon pour rendre difficile la communication entre windows et osX d’apple ou linux par exemple. Microsoft ne décrit pas le format des fichiers qu’il utilise ( comme dans word ). Ce monopole est interdit, mais les procédures judiciaires sont suffisament longues pour que le droit ne soit appliqué que trop tard. (n’oublions pas que l’informatique évolue très vite).
Un exemple d’abus de ce monopole : il est impossible de tester office 2007 avec des logiciels concurrents de ceux fournis pas Microsoft (windows et internet explorer), alors qu’il n’y a pas de problème technique comme le démontre cet article.
Un autre fait établi : les 2 plus gros systèmes d’exploitation propriétaire actuels sont généralement bourrés de bugs qui sont tardivement, voire jamais corrigés ; le support technique rapporte, pourquoi se passer de ces revenus supplémentaires?
Bref, sous couvert de la confidentialité industrielle (ne pas fournir ses sources aux concurrents), les éditeurs ont la possibilité non seulement de limiter les possibilités d’un logiciel, mais aussi de ne pas informer l’utilisateur sur le fonctionnement réel d’un programme, de franchir les limites de la confidentialité et de l’honnêteté, tout en interdisant une concurrence saine. Tout cela au détriment total de l’utilisateur, comme dans le cas du WGA de microsoft.
On peut faire une analogie entre un plat cuisiné et un logiciel informatique, la recette de ce plat s’apparentant au code source du logiciel. Il semble acceptable qu’un fabricant industriel ne divulgue pas la recette de ses produits. Mais est-il vraiment acceptable que ce même fabricant en profite pour mettre des ingrédients engendrant une dépendance ou une accoutumance?
Est-il normal que les fabricants puissent ajouter des ingrédients engendrant des allergies si ils sont ingérés en même temps que les produits de la concurrence? Est-il normal qu’un fabricant de pain industriel vous interdise de faire du pain sous prétexte qu’il a un brevet?
Les vendeurs de logiciels pensent que tout cela est parfaitement normal. et il ne se gênent pas pour le faire à leur façon, dans leurs logiciels.
Des exemples de ce type ne manquent pas. Face à ce modèle économique plus que contestable, une alternative subsiste, regroupée sous le terme « logiciels libres ». Les logiciel libres sont des logiciels dont la licence impose plusieurs « libertés » : liberté d’utiliser pour quelques applications que ce soit le logiciel, garantie de pouvoir accéder aux source et de pouvoir les modifier.
Voici une traduction française de la licence GPL (GNU publique Licence): une des licences libres la plus utilisée, ainsi qu’une explication de cette licence.
Même si avoir accès aux sources ne semble rien apporter à l’utilisateur lambda, cela profite aux développeurs indépendants, et donc finalement aux utilisateurs ; il est en effet relativement facile pour un développeur de le « debugger », d’ajouter des fonctionnalités à celui-ci, mais aussi de vérifier ce que fait exactement un logiciel et qu’il n’effectue rien a l’insue de l’utilisateur.
Le principe est simple : j’ai acheté mon ordinateur, je veux donc qu’il m’appartienne et qu’il n’obéisse qu’a moi. Je ne veux pas que les logiciels qui sont sur MON ordinateur en fassent un ordinateur contrôlé par quelqu’un d’autre ; il n’y a qu’en vérifiant soi-même le contenu des logiciels installés sur sa machine que l’on peut avoir ces certitudes. Si on ne le fait pas, on peut plus facilement faire confiance aux développeurs de logiciels qui laissent des moyens de vérification.
Pourquoi faire confiance à des gens qui :
1°) ne vous veulent pas du bien et l’ont prouvé en de nombreuses occasions
2°) : ne vous font pas confiance
3°): cachent leurs actions
Le logiciel libre quant à lui offre la possibilité de vérifications.
Les logiciels libres peuvent être développés par de grandes compagnies (sun) qui misent sur le support technique payant pour rentabiliser leurs investissements ; certaines compagnies préfèrent contribuer au développement de logiciels libres plutôt que d’avoir à re-développer en partant de zéro un logiciel correspondant à leurs attentes, faisant ainsi profiter tout le monde de leurs développements. Parfois, les logiciels libres sont développés par une poignée de bénévoles, dont le but est de fournir une alternative aux logiciels propriétaires. Il arrive aussi que ces logiciels deviennent suffisamment performants / populaires pour arriver à générer une économie viable et à rémunérer les développeurs.
Même si Microsoft avec son système Windows semble omniprésent, les systèmes GNU/linux sont cependant utilisés par des particuliers ou des grandes entreprises (comme le démontre le petit pingouin : mascotte de linux sur la page de free, revendiquant ainsi l’utilisation du système Linux par cette entreprise pionnière dans l’internet en France).
Pour revenir à notre métaphore gastronomique, on peut dire que la pâte à crêpe est une recette libre. Tout le monde peut l’utiliser, la modifier et expliquer à son voisin comment faire des crêpes ; cela n’empêche personne de vendre des crêpes. On peut même trouver des clients à des crêpes industrielles…
Le but de cet article est de vous montrer que les crêpes industrielles ne sont pas les seules crêpes qui existent.
Il y a à l’heure actuelle une « guerre » du logiciel mettant en oeuvre des enjeux extrêmement importants. (le procès de sco contre ibm aura coûté plusieurs millions de dollars de procédure judiciaire! ). Une guerre que malheureusement le gouvernement est loin de comprendre. Le lobby informatique en profite pour imposer ses lois comme le montre l’épopée de la loi dadvsi.
Sur ces questions, un gouvernement n’a pas accepté cette domination, gardant en tête les principes de liberté d’information, d’accessibilité et de sécurité que les logiciels propriétaires ne garantissent pas. Le Pérou a donc voté une loi imposant l’utilisation de logiciels libres à tout organisme public. Voilà une traduction d’une lettre d’un député en réponse aux objections des commerciaux de Microsoft. Ce texte explique les motivations poussant à l’utilisation de logiciels libres, et reprend tous les arguments de Microsoft en les invalidant un par un.
Étant donné que les logiciels libres sont en général gratuits, il est facile de les essayer, de tester, et de choisir.
Pour voir ce qui existe, je vous conseille de regarder ubuntu
Si vous ne voulez pas vous passer de Windows, vous pouvez toujours y installer tout un tas de logiciels libres d’un seul coup. Essayez des logiciels libres et faites-vous votre avis par vous-même, plutôt que d’accepter un choix qui a été fait par avance, par un vendeur informatique (parfois corrompu).
En tout cas, je ne peux que vous encourager à lire les licences que vous signez ou à vous renseigner sur leurs implications, ainsi que sur l’esprit des licences libres.
Cyrille.