antimondialiste

[ louvoyer : naviguer en zigzag à contre vent ]

05/01/2007

Manifeste du Web indépendant

Classé dans : désintoxicant, liberté d'expression, libertés @ 11:32

web independant
Le Web indépendant, ce sont ces millions de sites offrant des millions de pages faites de passion, d’opinion, d’information, mises en place par des utilisateurs conscients de leur rôle de citoyens. Le Web indépendant, c’est un lien nouveau entre les individus, une bourse du savoir gratuite, offerte, ouverte ; sans prétention.

Face aux sites commerciaux aux messages publicitaires agressifs, destinés à ficher et cibler les utilisateurs, le Web indépendant propose une vision respectueuse des individus et de leurs libertés, il invite à la réflexion et au dialogue…

sur [uZine 3] : http://www.uzine.net/article60.html


20/12/2006

Flickr: autour des photos, le jeu de société

Sur Flickr, les compétences photographiques sont une chose. Mais ce qui compte avant tout, c’est la sociabilité de l’utilisateur… et sa capacité à tirer parti de ce site ludique pour influencer les autres.

Flickr fascine les internautes, les photographes, les journalistes, les chercheurs… Pour André Gunthert, maître de conférences à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, historien de la photographie et rédacteur en chef de la revue Etudes photographiques), Flickr « est une formidable école de photographie, où l’on voit les photos des autres, où l’on est sollicité pour les commenter et dont la conséquence est la naissance d’un esprit d’émulation qui fait, pour ceux qui jouent le jeu, qu’on cherche à améliorer la qualité des images qu’on produit. » (Source : Internet actu).

Soit, mais il ne faudrait pas se méprendre : la photographie n’est sur Flickr qu’un prétexte à interactions sociales, dont l’objet n’est pas nécessairement de faire des progrès en photographie. Et le plus intéressant, sur Flickr, ce n’est pas forcément la photographie…

sur le blog main blanche : http://mainblanche.over-blog.net/article-4876920.html

les photos de sté sur flickr : sté @ Flickr


06/11/2006

Reporters sans frontières organise les 24 heures contre la censure sur Internet et appelle les internautes à se mobiliser

Classé dans : désintoxicant, liberté d'expression @ 19:10

Où : Sur www.rsf.org

Cliquez ici pour Participez à la cybermanif : http://www.rsf.org/24h

Quand : Du mardi 7 novembre 11h au mercredi 8 novembre 11h

Créer une page sur Internet, publier des informations en ligne ou poster un commentaire sur un blog est a priori à la portée de tous. Il n’en est rien dans les treize pays épinglés par Reporters sans frontières à l’occasion de l’opération : 24 heures contre la censure sur Internet.

Soixante et une personnes sont emprisonnées dans le monde pour avoir publié des textes \ »subversifs\ » sur un blog ou un site Web. Reporters sans frontières dresse une liste de 13 pays “ennemis d’Internet” qui censurent abusivement la Toile en bloquant les contenus qui critiquent leur autorité. L’Internet fait peur. Les censeurs de tous horizons en exploitent les failles et s’attaquent de front à ceux qui y avaient placé leurs espoirs. Des multinationales, Yahoo ! en tête, collaborent avec le gouvernement chinois pour filtrer le Réseau et traquer les cyberdissidents.

La défense de la liberté d’expression sur Internet et le sort des bloggers dans les pays répressifs est l’affaire de tous. Durant 24h, l’organisation propose aux internautes une CYBERMANIF INTERNATIONALE et des outils pour se mobiliser contre les prédateurs d’Internet…

sur Reporters sans frontières – International : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=19458


26/10/2006

Attaque de l’Etat contre l’ortie et les produits naturels au jardin.

« La nouvelle avait perturbé les ondes. Un chroniqueur horticole courageux s’insurgeait, sur France Inter, de la parution imminente d’un décret (prenant effet en date du 01 juillet 2006), qui l’empêcherait dorénavant de donner à ses auditeurs des recettes leur permettant de traiter naturellement leurs jardins et balcons. Interdit de dire que l’eau chaude est un bon désherbant pour les allées. Interdit de dire que de simples feuilles de fougère éloignent les chenilles des choux. Interdit de donner la recette séculaire d’un extrait d’ortie, appelé purin ! L’information paraissait si énorme que personne n’y a cru ! L’interdiction de fournir, par quelque moyen que ce soit, les recettes pour confectionner des produits naturels non-homologués, le simple fait d’en parler, avait beau être assortie d’une peine de 2 ans de prison et 75 000 € d’amende, elle faisait sourire! »

Le 31 août 2006, les services de la Répression des Fraudes et les services de la Protection des Végétaux (la police des plantes!) sont intervenus chez Eric Petiot, paysagiste, formateur et coauteur de l’ouvrage Purin d’Orties et Compagnie. Au cours de cette inspection (de 10h à 16h), plusieurs documents ont été saisis (papier et numérique). Eric Petiot s’est vu signifié une interdiction d’enseigner les recettes de produits naturels non homologués et même de ramasser des plantes sauvages lors de ses stages de formation…

Le communiqué de Kokopelli : http://www.kokopelli.asso.fr/actu/new_news.cgi?id_news=80

Le fait même de vous en parler pourrait me coûter 2 ans de ma vie et
75000 euros d’amende… Bienvenue dans un monde de progrès.

posté par hk


Manipulation des masses – TOP SECRET

Il est manifestement impossible de parler d’engineering social, ou d’automatisation d’une société (engineering des systèmes d’automatisation sociale ou « armes silencieuses ») sur une échelle nationale ou internationale sans impliquer des objectifs étendus de contrôle social et de destruction de la vie humaine (c’est à dire esclavage ou génocide).

Ce manuel est en lui-même une déclaration d’intention analogue. Un tel écrit doit être tenu à l’abri du regard du public. Autrement, il pourrait être reconnu comme une déclaration formelle et technique de guerre intérieure. De plus, dans le cas où une personne ou un groupe de personnes dans une position de pouvoir importante utiliseraient une telle connaissance et une telle méthodologie pour la conquête économique, il doit être compris qu’un état de guerre intérieure existe alors entre ce groupe de personnes et le public…

A lire sur Manipulation des masses : http://perso.orange.fr/ulysse_voyages/pages/secret.htm

posté par frédéric dumond.


09/10/2006

Sauvons Politis !

Classé dans : désintoxicant, liberté d'expression, politics @ 14:08

Politis risque de disparaître : placé en dépôt de bilan depuis le 8 août, votre hebdomadaire doit aujourd’hui faire face à une situation d’urgence pour assurer sa survie.

Après le retrait inattendu — la veille de l’audience au tribunal de commerce — du seul repreneur pressenti pour son plan de relance, le personnel, grâce à l’association Pour Politis qu’il vient de créer, a décidé de sauver son journal en devenant son propre patron, avec le soutien de ses lecteurs, de ses amis et de tous ses sympathisants :

sur Pour Politis ! : http://www.pour-politis.org/


03/10/2006

L’émergence d’un nouveau mouvement social à l’ère du numérique

La prise de conscience de l’émergence d’un nouveau mouvement social

Le cadre était a priori surprenant pour l’affirmation d’un mouvement social de l’ère du numérique : l’Université la plus huppée de la côte est des États-Unis, un ensemble de juristes, d’économistes, de bibliothécaires,… mais une énergie nouvelle pour prolonger les promesses de l’internet et de la société en réseau afin d’ouvrir pour tous, partout dans le monde, les bénéfices de l’accès à la connaissance.

La conférence « Access to Knowledge » ( »a2k » dans le jargon qui émerge) se voulait l’occasion de réunir les principaux activistes, propagandistes et théoriciens de ce mouvement social émergent, afin de clarifier les perspectives et de se donner les moyens de contrer les offensives des « maximalistes de la propriété intellectuelle ». Les trois jours furent intenses, provoquant la réflexion et incitant à l’optimisme et à l’action. Loin de se limiter à une dénonciation des tentatives de mainmise sur le savoir et la culture par les industries spécialisées (des médias, de la pharmacie, de l’édition scientifique ou de l’entertainment), la conférence a montré le caractère hautement productif pour l’ensemble de la société du partage des connaissances. Comme l’indiquait Jack Balkin dans son introduction, l’accès au savoir n’est pas uniquement une question de développement économique, mais aussi un outil de justice sociale et de participation démocratique.

La Conférence visait à renforcer la conscience collective de personnes venant de divers horizons géographiques et disposant de plusieurs corpus d’analyse (économie, droit, bibliothéconomie, participation citoyenne,…). Il en ressort une vision selon laquelle la construction d’une société de justice sociale, d’indépendance et de démocratie citoyenne au 21ème siècle ne pourra pas faire l’impasse sur la question du partage du savoir et sur les régimes de financement de la recherche, de l’éducation, de l’innovation et de la création…

sur [samizdat.net | webzine] : http://infos.samizdat.net/article428.html


04/09/2006

A qui appartient votre ordinateur?

inspiré de l’article traduit partiellement: http://www.digital-copyright.ca/node/2567

Cet article a pour but d’expliquer simplement les enjeux autour de la pétition :
http://www.digital-copyright.ca/petition/ict/.

Cette pétition vise à protéger le droit de propriété dans le monde numérique. (c.a.d. VOS droits si vous lisez ce texte depuis l’écran de votre ordinateur, de l’ordinateur d’un ami, d’un cybercafé etc).
La législation n’est à l’heure actuelle pas encore fixée sur ces questions trop récentes autour de la propriété électronique. Des lois sont votées dansle monde entier sur ces questions, et les fabricants pratiquent un lobbying forcené auprès des politiques pour accroître leur monopole.
Les utilisateurs doivent donc être vigilants s’ils veulent conserver leurs droits fondamentaux.
La liberté est déjà mise à mal sur de nombreux points: on peut rappeler par exemple que lire un DVD sous linux est illégal, et que le simple fait d’essayer de développer un logiciel permettant de lire des DVD est passible en France d’une peine de plusieurs années de prison ferme.
Les fabricants actuels d’ordinateurs vous promettent une machine à tout faire, tout en cherchant à contrôler (et donc restreindre) vos possibilités afin de vous inciter à consommer plus.

La question importante est : à qui appartiennent votre ordinateur, le système d’exploitation (linux / osX / windows), les logiciels qui sont dessus, les données produites, échangées ou achetées ? (Les frontières étant parfois assez floues). Et par conséquent, quels droits pouvez vous espèrer voir protégé par la loi?
Du coté de l’utilisateur : supposons que j’ai acheté mon ordinateur, j’attends donc de ma machine de pouvoir y installer les logiciels de mon choix. Je m’attends aussi à avoir le droit de pouvoir programmer mes propres outils logiciels et de les utiliser.
Sans ces droits fondamentaux, mon ordinateur pourrait ne pas obéir à mes instructions, et donc il pourrait ne pas protéger mes droits. Mon ordinateur pourrait alors servir les intérêts d’une tierce personne.
Cet aspect de la propriété peut se comprendre en pensant à d’autres objets que l’on pourrait posséder, et au mal que cela pourrait causer à la société si le droit de propriété était aboli : alors qu’il est possible que vous puissiez commettre une infraction quelconque de la loi dans votre appartement ou dans votre voiture, il est généralement admis que confisquer cette maison ou ce véhicule n’est pas la solution pour stopper vos infractions.
Les automobilistes on refusé à juste titre l’intégration d’un limiteur de vitesse dans leur véhicule à cause de l’impossibilité de faire la différence entre un excèsde vitesse illégal et un test de vitesse sur circuit fermé qui serait parfaitement légal.
Lorsqu’il s’agit de notre maison, l’idée d’héberger des caméras ainsi que des gardes armés qui seraient là pour vous protéger est révoltant.
Dans un cas général, le contrôle de notre vie privée peut être beaucoup plus dangereux que les crimes qui seraient ainsi évités. Tout système de contrôle peux être utilisé abusivement et utilisé à des fins beaucoup plus destructrices, dangereuses et illégalles que les crimes qu’il est censé éviter.
Dans le cadre informatique, les fabricants poursuivent leurs propres intérêts, certains sont légaux et d’autres non. Donner le droit aux fabricants d’ordinateurs de contrôler notre matériel revient à augmenter la potentialité, l’importance et la gravité des actions illégales que pourrait commettre un fabricant plutôt que de diminuer les possibilités d’infraction à la loi par le propriétaire de ce matériel.

NDT : n’oublions pas que certains fabricants ont déjà abusé de leurs clients au mépris des lois.
Par exemple Sony a installé massivement des logiciels illégaux à l’insu des utilisateurs (grâce aux DRM), sur leurs ordinateurs afin de les espionner.
D’autre part, le géant de la distribution de musique en ligne (Apple) a engagé actuellement un bras de fer contre les gouvernements de la Norvege, Suéde, Finlande pour modifier une loi qui rend son modèle économique de distribution musical mondial (dont l’ipod fait partie) complètement illégal dans ces pays.
On peut citer aussi les nombreux procès entre les fabricants informatiques pour violation de brevet, abus de position dominante, etc).

Richard Stallman (un chercheur au MIT, père du logiciel libre) a beaucoup réfléchi et écrit sur les dérives potentielles de l’informatique. Il a écrit en 2002 un article sur le « trust computing » disponible (traduction française ). Cet article dénonce les malveillances volontaires dont nous sommes les victimes, et l’étendue des dérives possibles. Il se focalise aussi sur l’industrie du « trust computing » : faites-nous confiance, nous voulons simplement vous contrôler.

Face à ces problèmes, il n’y a pas de solution miracle. Je ne peux que conseiller le refus des systèmes fermés ou propriétaires.
Le simple fait d’utiliser des systèmes d’exploitation libres permettra si nous sommes suffisamment nombreux d’influencer les fabricants et les pouvoirs publics. si cela ne suffit pas, ce refus vous permettra au moins de vous protéger, de protéger vos informations personnelles, votre travail ou votre vie privée.
Les systemes libres garantissent aux utilisateurs l’entière propriété de leurs ordinateurs, des données contenue et produites.
Ce refus est important même si vous n’avez rien à cacher, c’est la liberté d’expression qui est en jeu.


posté par Cyrille.


28/07/2006

un dys-cours qui en dit long

Classé dans : désintoxicant, liberté d'expression @ 13:58

En 1946, George Orwell écrivait* à propos de la langue anglaise: “Elle devient hideuse et imprécise parce que nos pensées sont insensées, mais la négligence de notre langue facilite nos pensées idiotes. Ce processus est cependant réversible. L’Anglais moderne, particulièrement l’Anglais écrit, est plein de vilaines habitudes qui se répandent par imitation et qui peuvent être évitées si l’on veut bien s’en donner la peine. S’en débarrasser équivaut à éclaircir sa pensée, et penser clairement est un premier pas nécessaire vers la régénération politique: de sorte que le combat contre le mauvais Anglais n’est point frivole et ne concerne pas seulement les écrivains. […] Les mots ‘démocratie’, ’socialisme’, ‘liberté’, ‘patriotique’, ‘réaliste’, ‘justice’ possèdent chacun différents sens irréconciables entre eux. Dans le cas d’un mot comme ‘démocratie’, non seulement il n’existe aucune définition consensuelle, mais à toute tentative d’en établir une s’opposent des résistances de toutes parts. C’est un sentiment presque universel qu’un pays dit ‘démocratique’ est encensé : par conséquent les défenseurs d’un quelconque régime politique l’appellent une démocratie, et craignent devoir en abandonner l’usage si ce mot devait être associé à un seul sens. Les mots de ce genre sont souvent utilisés de manière consciemment malhonnête.”**

Dans cet essai, que je vous invite à lire (je peux même en faire une traduction si vous en exprimez le besoin), Orwell dénonce la déshumanisation du langage par l’usage de métaphores insensées visant à briser les images mentales que des phrases correctement construites provoqueraient ; il insiste sur la séparation de la pensée et de son expression par le langage et évoque les conséquences désastreuses de ce procédé : la disparition ou l’empêchement de toute pensée.

Pour exemple de son actualité, j’aimerais vous faire part des quelques phrases prononcées récemment*** par notre cher Premier Ministre lors d’une allocution à Marly-le-Roi…

Elle commence en ces termes: “Nous sommes ici pour réparer une injustice, une injustice qui est souvent faîte à notre pays. L’image d’un pays, les deux pieds ancrés dans la tradition, l’image d’un pays souvent épris par (sic) des doutes, par des inquiétudes, par des peurs et qui ne se résignerait pas, finalement, à saisir le cours du temps.”

Dès le début du discours, Galouzeau invoque la sémantique de la peur et évoque les sables mouvants se dérobant sous nos pieds. Mais où veut-il en venir ?

“Nous sommes un pays à la pointe des hautes technologies, nous sommes un pays à la pointe de la société de l’information, parmi les premiers du monde à mettre à la disposition de chacun de nos habitants.”

Nous avons certainement affaire à un cancre, ou à une machine.

“Et c’est vrai en matière de haut débit, en matière de télévision numérique, c’est vrai en matière de couverture pour les téléphones portables.”

Nous comprenons donc que “c’est vrai”, sans savoir encore de quoi il est question. Mais si le Premier Ministre le dit, cela doit être vrai. En langage des banlieues, de la France-d’en-bas, on appelle cela “endormir son interlocuteur”.

“Dans tous ces domaines-là, nous sommes à la pointe parmi les premières nations du monde.”

Je répète pour les incrédules, les sceptiques, ainsi que pour l’effet comique: “Dans tous ces domaines-là, nous sommes à la pointe parmi les premières nations du monde.”

Nous n’en sommes qu’au premier paragraphe ! J’essaierai d’aller plus vite pour vous présenter le deuxième paragraphe qui rappelle élégamment au lecteur le pouvoir indiscutable du progrès technique :

“Cette réalité-là, elle comporte une face politique importante, c’est que l’Etat peut, grâce à de nouveaux outils, être plus proche des citoyens. […] grâce aux nouveaux moyens technologiques, c’est une proximité qui s’engage dans un pays où la tradition est celle, trop souvent, de la centralisation, de l’eloignement, de l’ignorance, de la méconnaissance.”

Je me demande encore sous quel contrat la proximité est engagée… Un contrat de proximité ? En revanche, Monsieur le Ministre connaît bien son domaine lorsqu’il parle d’ignorance.

Afin d’introduire la phrase suivante, et pour éviter l’incompréhension légitime qu’elle peut provoquer chez un francophone doué de la faculté de penser, je dois vous dire que ce qui précède fait office de démonstration.

“C’est-à-dire (sic) à quel point notre démocratie peut profondément changer du fait de ces nouvelles technologies.”

Il s’agit donc, pour éclaircir le discours, à défaut de pensée, que l’Etat, grâce aux nouvelles technologies, quelqu’elles soient, peut se rapprocher des citoyens. Pour ceux qui n’auraient pas tout suivi, la démocratie est le régime politique dans lequel le peuple, les citoyens, détiennent le pouvoir. L’Etat est donc leur serviteur. Lorsqu’un serviteur s’éloigne de son maître, il se rend inutile.

“Et cette proximité, elle comporte, bien évidemment, une exigence, c’est l’exigence d’égalité des chances.”

L’égalité des chances, pour paraphraser l’orateur, répond au risque permanent de voir “de nouveaux fossés s’établir avec le citoyen.” Risque auquel le progrès technologique est censé répondre, probablement pour éviter des hémorroïdes aux citoyens, si j’ai bien tout compris.

Ensuite, on apprend que pour se rapprocher de son maître, l’Etat lui tend la main –puisqu’au premier paragraphe, souvenez-vous, le pays avait les deux pieds ancrés dans la tradition-. La main tendue porte “l’outil technologique”: tel Prométhée apportant le feu aux humains abandonnés à eux-mêmes, l’Etat fait offrande d’une technique appliquée à la société et qui en plus présente une quelconque utilité. Par cette simple reformulation, on peut saisir immédiatement la figure du coq chantant les deux pieds dans la merde.

“C’est vrai qu’ici, à Marly-le-Roi, nous avons une bien belle vitrine et de bien beaux exemples.” (Jets de fleurs et savonnades à tout va…) “Quand on voit […] une entreprise […] fondée par de jeunes talents, qui ont voulu –et quand je dis ‘voulu’, ce n’est pas un petit mot ‘voulu’– désiré, cherché à créer une entreprise ici, en France, eh (sic) bien (sic) ne peut avoir que confiance…”

Vouloir, ordinairement, est un “petit mot”, comme ceux qu’on glisse à l’oreille de l’être aimé qui est revenu en 48 heures chrono grâce aux imprécations d’un marabout. Mais là, dans la bouche du Ministre, vouloir signifie désirer, chercher : lui peut employer des synonymes pour préciser le sens d’un mot autrement oublié. Notez l’insistance de l’orateur à préciser l’évidence même, alors que le reste du discours frôle la poésie.

Je ne garde à présent que les expressions marquantes : “les atouts”, “le travail essentiel”, “Je suis venu aujourd’hui vous rendre hommage […] C’est bien le signe que notre pays regarde vers l’avant”, “occuper toute sa place”, “secteurs de pointe”, “forte valeur ajoutée”, “améliorer leur compétitivité dans la compétition”, “faciliter la vie”, “marquer des points”, “rattrapé son retard”, “18 mois d’avance sur nos objectifs”, “battu tous les records”, “adhésion spectaculaire”, “Ces bons résultats”, “conjuguer les efforts”, “engager des moyens considérables”, “réduire la fracture numérique”, “en accélérant”, “plan de résorption”, “zones blanches”, “des initiatives originales qui intéressent beaucoup”…

“Cet effort, nous allons le poursuivre et l’amplifier.”

Mais l’amplification du bruit ne donne que plus de bruit…

“La première exigence”, “un axe fort”, “égalité des chances”, “Internet accompagné”, “un formidable gisement d’emplois”, “un micro-ordinateur adapté”, “exemplarité de l’Etat” –le même qui, trop éloigné des citoyens, gît les deux pieds dans la tradition–, “un levier essentiel”, “redoubler d’efforts”, “dématérialisation”, “une nouvelle dynamique”, “renforcer notre compétitivité”, “l’exemple pour nous”, “les meilleurs du monde”, “les emplois et la croissance”, “pôles de compétitivité”, “à dimension mondiale”, “télévision mobile et sans frontière”, “nous accentuerons aussi nos efforts”, “diffuser plus largement”, “l’horizon 2010″, “passeport pour l’économie numérique”…

“Grâce à ces technologies, nos entreprises seront plus performantes, plus productives et donc, elles seront mieux armées pour affronter la concurrence, pour gagner des parts de marché, et assurer leur croissance en créant des emplois.”

Car il s’agit bien de cela : avant les citoyens, les entreprises. La croissance par le haut, une doctrine purement idéologique qui consiste à dire que la redistribution des richesses vers les plus riches provoque un effet de douche et, dégoulinant, profite à tous. Donner aux riches pour enrichir les pauvres. Il fallait y penser, malheureusement, cette pensée-là fut largement critiquée par la plupart des économistes et seuls les idéologues osent encore l’invoquer en idolâtres hypocrites.

Et l’orateur de terminer son discours par ces mots :

“Et vous nous montrez que la clé de la réussite c’est bien la mobilisation de tous. C’est lorsque nous conjuguons nos efforts vers un même objectif, c’est lorsque chacun, à sa place, complète le travail de l’autre que nous marquons des points.”

Les faisceaux et les uniformes militaires troqués pour des logos et des métaphores sportives –Coupe du Monde oblige–, le facisme triomphant avance sans se couvrir, à la pointe du progrès. Si dans ce discours et particulièrement dans cette conclusion, vous ne décelez aucun fascisme, lisez et relisez encore, jusqu’à ce qu’au-delà des mots inertes se dessine la pensée en ombres chinoises : vous verrez qu’elle lève le bras et qu’elle marche au pas.

== hk

* Politics and the English Language, Horizon, 1946: http://www.netcharles.com/orwell/essays/politics-english-language1.htm ** traduction fidèle à l’original, incluant les erreurs mentionnées par Orwell: “Look back through this essay, and for certain you will find that I have again and again committed the very faults I am protesting against.” *** Lire l’allocution: http://lnk.in/3twp


09/07/2006

Le Parlement européen condamne les manquements éthiques des entreprises du secteur de l’Internet

Classé dans : liberté d'expression @ 11:37

Le Parlement européen a adopté, le 6 juillet 2006, une résolution sur la liberté d’expression sur Internet. Ce texte dénonce notamment la collaboration des entreprises du secteur de l’Internet avec les pays répressifs et mentionne plusieurs sociétés américaines (Yahoo !, Google, Microsoft, Cisco Systems) et europénnes (Telecom Italia et France Telecom). Il indique également « se satisfaire de l’introduction au Congrès américain (…) du Global Online Freedom Act [GOFA] »

Reporters sans frontières salue l’initiative des parlementaires européens et espère que la Commission et les Etats membres de l’UE suivront les recommandations développées dans la résolution. « Ce texte démontre une prise de conscience en Europe de l’enjeu majeur que représente la liberté d’expression sur Internet et qu’il est nécessaire de réguler l’activité des entreprises travaillant dans ce secteur. Elle vient par ailleurs soutenir le travail des législateurs américains qui ont introduit le GOFA en février 2006. Il est en effet important que l’Europe avance en même temps que les Etats-Unis dans ce domaine pour s’assurer que toutes les entreprises respectent les mêmes principes éthiques et qu’aucune ne puisse profiter d’une législation plus conciliante pour gagner des parts de marché », a déclaré l’organisation…

sur samizdat.net : http://infoblog.samizdat.net/

à l’occasion de cette résolution le loup voyou souhaiterait lancer un débat sur la question : l’internet est il un espace de liberté d’expression ?


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