Tant qu’on nous réduira à l’état de robots, les robots nous réduiront à néant
IBM, Thales & Clinatec. Deux entreprises, un laboratoire – trois faces d’une même industrie de la contrainte. IBM travaille à inonder le monde de capteurs et de puces RFID via son projet de« planète intelligente ». Thales développe Hypervisor, un logiciel surpuissant capable de traiter et classer un nombre de données proprement stupéfiant. Et le laboratoire grenoblois Clinatec s’est spécialisé dans les implants cérébraux – nanotechnologies implantées au cœur même des neurones.
Ces trois entreprises de mise sous tutelle technologique de l’humain ont été étudiées en détail par ceux qui écrivent à l’enseigne de Pièces et Main d’Oeuvre PMO dans un ouvrage signé avec Frédéric Gaillard : L’industrie de la contrainte Éditions l’Échappée. Une mise à nu effrayante de ces « progrès » technologiques pavant la voie à un « monde-machine » qui prend le pas sur le vivant, entre macro-pilotage d’ensemble et micro-pilotage individuel. Pour PMO et Frédéric Gaillard, ces trois projets ont évidemment valeur de symbole. Mais ils sont surtout à l’avant-garde d’un futur proche, annonçant une nouvelle étape de la tyrannie technologique : « La société de contrôle, nous l’avons dépassée. La société de surveillance, nous y sommes. La société de contrainte, nous y entrons », écrivaient-ils en 2008.
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Aujourd’hui « progrès » signifie « progrès technologique ». Le critiquer est réactionnaire. De même pour le lien entre science et technologie. Critiquer la technoscience, c’est critiquer Dieu au temps de l’Inquisition. Une croyance partagée par tous les milieux de la gauche progressiste et citoyenniste, qu’on retrouve même chez certains libertaires. Aborder la question provoque un raidissement, une panique.
Le marketing et les sociologues de l’acceptabilité sont le clergé de cette religion – on l’a encore vérifié avec les funérailles de Steve Jobs, célébrées comme celles du prophète de notre temps. Pour le grand public la technologie s’incarne dans le gadget. Voyez la course au téléphone portable, et maintenant au smartphone. On a franchi avec le téléphone portable un seuil de pénétration similaire à celui de la télé. On dresse le troupeau à des comportements irréversibles. C’est l’effet cliquet de la technologie : on ne revient pas en arrière. Imagine-t-on un monde sans portables ? Qu’une haute autorité médicale ou scientifique révèle ses dégâts sanitaires (multiplication des tumeurs au cerveau et des malades d’Alzheimer), croyez-vous que l’État interdira sa fabrication et sa vente ? Quant aux dégâts sociaux et anthropologiques, la question ne sera pas posée…
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